Rencontre avec Jean-Pierre Roc-Roussey:La force poétique au bout du pinceau
Jean-Pierre Roc-Roussey crédit photo © Christian Baraja
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Une envie d’évoquer un sujet particulier ?
Je ne suis pas quelqu’un qui doit expliquer ce qu’il fait. Faire de la peinture, créer des images, composer des tableaux, créer du visible, c’est ce que je sais faire. Mais ce visible est souvent et presque toujours inaccessible à l’explication. Pour moi il m’échappe lorsque je travaille et il m’échappe lorsque les gens parlent de mon œuvre, l’analysent. C’est difficile de parler de soi …
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Comment devient-on Jean-Pierre ROC-ROUSSEY ?
A l’origine il y a eu un enfant et un adolescent qui ont dû effrayer et désespérer ses parents. Tout ce que j’aimais faire était de dessiner, le reste me paraissait inintéressant, fastidieux, ennuyeux. Mes parents ont eu la gentillesse et la générosité de me permettre de faire des études d’art alors que le monde de l’art était très éloigné du leur. Pour moi tout a changé, j’ai pu m’exprimer, rencontrer des personnes qui me ressemblaient, commencer à construire mon univers personnel.
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Peinture grand format ?
Les grands formats sont exigés par mes personnages, mes sujets. Ils occupent la plus grande surface possible de la toile ce qui leur donne une composante monumentale. L’espace de la toile, c’est-à-dire l’espace de la composition est toujours trop restreint, trop limité pour moi, d’où les grands formats.
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Sensible à la transmission ?
Mon inspiration, mes références, ma manière de peindre viennent de toute l’histoire de la peinture .Appartenir à cette histoire c’est être sensible à la transmission. La transmission c’est l’histoire de l’humanité, pour les connaissances, pour l’art. Nous devons tous en passer par là, nous ne venons pas du néant. Pour créer de nouveau il faut connaître ce qui est ancien, ce qui a déjà été pensé ou peint.
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La coquille Saint-Jacques ?
Les coquilles Saint-Jacques me servent de palette. Autrefois les peintres travaillaient avec une palette qui était un os de mouton et plus précisément une omoplate. C’est ce qui était utilisé depuis l’aube de l’humanité, de la préhistoire à la Renaissance. J’aime ce qui est beau, c’est pourquoi j’aime être entouré de beaux objets, cela ne veut pas dire forcement chers ou précieux. Les coquillages sont une des plus belles choses que l’on puisse trouver sur terre, les plus belles formes graphiques .Dans mon entourage il arrive que l’on me donne ces coquillages grattés et lavés pour qu’ils me servent de palette et j’ai des scrupules à m’en séparer après les avoir utilisés.
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Techniques traditionnelles ou avant-gardistes ?
Toutes les techniques m’intéressent dans le temps et l’espace. J’aime la beauté du trait et les pigments de la peinture pariétale mais j’aime aussi la miniature moghole. Les outils pour peindre me fascinent, le doigt, les pinceaux de toutes formes et tailles, les projections,….. Tout ce qui est nouveau m’oblige à réinventer ma propre technique. J’aime les couleurs des pigments naturels et j’utilise très fréquemment de l’or dans ma peinture.
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Fidèle à un type de produits ?
Je fréquente la boutique Sennelier Quai Voltaire et je parcours l’infini quantité de produits que cette boutique possède. Mais je peux fabriquer mes couleurs à partir de pigments naturels. C’est quelquefois hasardeux !
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L’importance du regard ?
Mes personnages sont souvent pétrifiés dans leur monumentalité, mais leur regard est ce qui doit indiquer une direction, une intensité. Il doit provoquer une rencontre avec celui qui regarde. Il est très souvent le point focal du tableau.
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L’inspiration liée à l’actualité, les voyages, des rencontres, des lectures ?
L'actualité me passionne,c'est mon sujet préféré de conversation avec mon entourage mais il n'a aucune influence sur mon travail sinon de me rendre misanthrope. Les voyages par contre sont une source infinie de rêveries très profitables pour ma création bien qu'ils m'éloignent de mon chevalet. Les rencontres peuvent être stimulantes. Le monde contemporain m'attriste mais je ne peux rien changer, j'appartiens à ce temps, à ce moment, à cette histoire …
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Vous a-t-on déjà sollicité pour dessiner des costumes ?
On m’a sollicité pour utiliser mes toiles dans des décors de cinéma. Mes toiles ont servi à construire une collection haute couture à Singapour. J’ai été très ému de voir mes personnages sortir des tableaux et défiler.
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En conclusion ?
Je ne suis pas dans une recherche de notoriété particulière, j’aime rester discret. Je suis heureux que l’on achète mes toiles et que cela me permette de continuer à créer de la peinture. Je ne demande rien d’autre.
Propos receuillis à l'atelier parisien de Jean-Pierre Roc-Roussey le 15/02/17
Marc / Humanvibes – Crédit photos : Marylou Bélouis et Marc Bélouis
Dédicace de Jean-Pierre Roc-Roussey pour Humanvibes
Et pour aller plus loin :
Focus sur une oeuvre du peintre Jean-Pierre Roc-Roussey
Jean-Pierre Roc-Roussey – Marylou Bélouis – Youtube(2017)
Site de jean-Pierre Roc-Roussey
Lien vers l'article sur Humanvibes consacré au vernissage à l'Opera Gallery en Décembre 2013
http://www.humanvibes.com/content/jean-pierre-roussey-a-lopera-gallery?ck=art
Marylou et Marc / Humanvibes