3 questions à… Mylène Pardoen – Chercheuse du CNRS qui a participé au programme acoustique de la reconstruction de Notre-Dame, Mylène Pardoen a créé l’archéologie du paysage sonore qui fait d’elle LA grande spécialiste de cette nouvelle discipline, où elle possède l’art de capturer l’Histoire à travers le son.
Qu’est-ce qui vous a attirée dans la capture du son, à en être venue à créer la discipline d’archéologue du paysage sonore ?
MYLENE PARDOEN – C’est la matière « son » qui m’a attirée : elle est impalpable, souvent identique, mais jamais la même. Quant à l’archéologie du paysage sonore, c’est une expérience pour sonoriser des plans de bataille pour un musée qui m’a amenée à créer cette discipline.
Vous avez été mobilisée comme d’autres chercheurs sur le chantier scientifique CNRS/Ministère de la Culture/Notre-Dame. Sauvegarde du patrimoine matériel, modélisation de la structure ou encore études acoustiques. Quel a été votre rôle exact ?
Outre le fait d’être co-coordinatrice du Groupe de Travail Acoustique/Paysage sonore, j’ai travaillé sur trois axes :
1 – mémoriel : enregistrer les ambiances du chantier de restauration de Notre-Dame, comme on pourrait le faire avec des time-laps.
2 – patrimonial : capter les gestes des artisans ayant participer à la restauration de la cathédrale.
3 – historique : restituer des ambiances sonores à l’intérieur et à l’extérieur de la cathédrale. J’ai pu sortir de l’imaginaire collectif pour mieux m’immerger dans l’histoire de la cathédrale, son bâti, certes, mais également la vie intérieure et urbaine qui l’entoure.
Vous êtes très sollicitée par votre activité innovante. Quels sont vos projets ?
Grâce à l’expérience et l’expertise acquises durant le chantier scientifique CNRS/Ministère de la Culture/Notre-Dame, j’ai pu faire évoluer mes champs de recherches et mes pratiques. Aujourd’hui j’ai réorienté mon travail sur la sensorialité des artisans, c’est à dire l’analyse sensorielle des gestes et étude de la transformation de la matière qui en découle. Je traque les sons quel que soit leur volume sonore. Pour ce faire, j’ai créé le projet ESPHAISTOSS. Pour mieux connaître mes recherches et mes pratiques, je vous invite à visiter mon carnet de recherche : https://archeoson.hypotheses.org/
Mylène Pardoen / Care d’Or 2023 (Recherche et Application) Lauréate du concours HériTech 2023 /Geste d’Argent 2021 (métiers d’art et mémoire) / Médaille de Cristal CNRS 2020
Et en complément, l’interview « spécial son » de Mylène Pardoen !
Le son qui vous transporte ?
Une eau calme.
Celui qui vous casse les oreilles ?
Un son de synthèse.
Celui que vous aimeriez partager ?
Tous les sons captés par mes micros.
Celui que vous gardez secret ?
C’est un secret !
Celui qui n’existe pas encore ?
Il n’existe pas !
Celui le plus étonnant ?
Le son des braises qui se consument. Il n’est pas étonnant au sens propre du terme, il est tout simplement fabuleux.
Celui universel ?
Les sons sont universels, car ils n’ont pas besoin de traduction.
Celui qui se propage le plus vite ?
Cela dépend des matériaux…
Propos recueillis le 18/11/2024
Marc / Humanvibes
Et pour aller plus loin :
Les documents qui murmuraient à l’oreille de Mylène Pardoen.
Découvrez le travail de Mylène Pardoen sur le segment de la sensorialité à travers ce podcast réalisé lors du Salon du Patrimoine en novembre 2023. L’écoute au moyen d’un casque sera bien meilleure.
Se relaxer pendant 2 heures devant un bon feu de cheminée à l’écoute de braises rougeoyantes, cela vous tente ?
Marc / Humanvibes
