A Humanvibes nous ne faisons pas de politique, par contre nous nous intéressons à la communication en générale. C’est pourquoi celle liée à la politique mérite que l’on s’y attarde.
Débat et des hauts
Ce qui est frappant avec François Hollande est que d’après nous en matière de communication, il a été bien meilleur lorsqu’il était candidat que président. De très bons meetings, des bonnes interventions télévisées bien maîtrisées. Son duel télévisé avec Nicolas Sarkozy a été très bien mené, avec la désormais célèbre anaphore « Moi Président de la République je… ». Même Nicolas Sarkozy semblait surpris par la façon dont son adversaire menait le débat , comme s’il avait tout prévu sauf cette espèce de nonchalance bonhomme pareil à un gros matou qui donnerait des coups de griffes de temps en temps sans que l’on s’y attende. François Hollande manquait d’aspérité où s’accrocher, mais ce qui est un avantage pour un candidat, est un très grand défaut une fois que l'on est président, nous le verrons plus bas.
Battre Sarkozy dans un débat, il faut le faire. C’est comme battre le FC Barcelone en finale de Ligue des Champions de football. Nicolas Sarkozy avait réussi le sien face à Ségolène Royal en 2007 qui d’après nous était bien plus difficile puisqu’il affrontait une femme ce qui était inédit à ce stade de la compétition. Il fallait se montrer en même temps modérer et pugnace, l’exercice était digne d’un funambule. Il l’a brillamment réussi, alors que Ségolène Royal trop prévisible s’est presque battue toute seule.
Arme de communication massive
François Hollande n’aime pas les grands manitous de la communication, dont faisait parti Jacques Séguéla, qui l’avaient écarté en 2002 pendant la campagne de Lionel Jospin, alors qu’il était premier secrétaire du parti Socialiste. Communiquer en tant que Président et non pas en tant que candidat est une différence de taille. Vous êtes épiés comme jamais, et vous n’avez pas de filet pour vous rattraper. Etant au sommet de l’Etat, sa parole compte triple et peut lui revenir comme un boomerang. Enfin il n’est pas le plus actif sur les réseaux sociaux, pas de tweet qui est une arme difficile à manier mais efficace, au contraire d’un Sarkozy ou d’un Obama, et a donc un déficit de gestion de l’information. Les chaînes d’info 24h/24 viennent lui rappeler l’obligation de bien maîtriser ces nouveaux outils qui reconnaissons le, souligne le décalage entre la modernité, certes teinté de politique spectacle tenu par Nicolas Sarkozy, et la vieille école teintée de politique technocrate tenue par François Hollande.
Mais l’essentiel est ailleurs. On ne saurait que trop recommander au président de s’adjoindre les services d’un bon metteur en scène de théâtre. En effet, voilà un président qui a tous les pouvoirs, parlement, sénat, et qui peine à réformer le pays, qui peine à trouver une voie, une grande idée fédératrice, et qui est en plus en chute libre dans les sondages.
Pourquoi ?
Parce que trop de liberté tue la liberté !
Prenons l’exemple d’un comédien. Il connaît son texte par cœur, mais imaginons qu’on lui laisse faire son spectacle sans avoir eu de metteur en scène pour le guider. Résultat, il ne saura pas quelle direction donner à son personnage. Pas de directives, pas d’intention. Pas de directives, pas de caractère identifié. Pour satisfaire le public, il se disperse, il en donne un peu à tout le monde, mais il n’y a pas de réelle implication, le personnage reste fade, sans aspérité, sans consistance, le public sort de la représentation sans pouvoir s’identifier. Est-il méchant ? Gentil ? Provocateur ? Brillant ? Drôle ? Indolent ? Menteur ? Séducteur ? Amorphe ? Sentimental ? Colérique ? Apathique ? Et bien un peu tout ça !
To be or not to be
Voilà le problème dans lequel est plongé notre président. Quel rôle joue-t-il exactement ? S’il avait un bon metteur en scène qui lui bride cette liberté à n’en plus savoir qu’en faire, qui l’aide à fixer un personnage à incarner, qui lui donne une direction, il saurait se positionner, il pourrait se défendre becs et ongles sur ses projets, s’accrocher et s’invectiver avec ses adversaires, et non pas avec ses amis politiques (son camp est presque devenu un parti d’opposition) il se montrerait plus pugnace dans ses interventions, il serait plus identifiable, plus lisible et nous pourrions nous reconnaître en lui. Là il commence sérieusement par pédaler dans le vide, et la flamme rouge est encore loin…
Rôle de composition
Nicolas Sarkozy a bien joué un rôle qu’on lui connaissait déjà en tant que ministre de l’Intérieur. Sans surprise il a été un président hyperactif, sanguin, le problème est qu’il a surjoué, alors qu’il aurait fallu montrer plus de finesse par moment. Son metteur en scène aurait dû le brider. Cela nous fait penser à un acteur qui serait toujours dans le même registre quel que soit le film. Il est possible que le prochain rôle de Nicolas Sarkozy soit celui du rassembleur protecteur élevé en "père de la nation ", un clone de François Mitterrand en quelque sorte.
Bref quoiqu’il arrive, nous suivrons la suite des évènements avec gourmandise…
Marc / Humanvibes