Interview d’Amélie et Marion Laurin : Voyage, voyage

Interview d’Amélie et Marion Laurin : Voyage, voyage

 

                                                                                            Interview d'Amélie et Marion Laurin : Voyage, voyage

 

Interview d'Amélie et Marion Laurin : Voyage, voyage

Amélie et Marion Laurin –  Jusqu'au bout de la terre  – City éditions

 

Pour changer un peu de l’interview classique, j’avais préparé des questions sur des "petits papiers" en rapport avec des pages du livre évoquant des moments bien précis. Ainsi, chacune leur tour, elles se sont questionnées mutuellement, et je suis intervenu si besoin…

 

Avant-propos.

Marion —– > Amélie  / page 6 :

Tu te souviens que nous avions pour effectuer ce voyage pendant 18 mois pas plus de 6000€. Crois-tu que l’on pourrait postuler comme co-ministre du budget dans le prochain gouvernement ?

Amélie : Non certainement pas ! On a beau être douées en économie et de trouver parfois des moyens alternatifs pour faire des choses gratuitement, la politique n’est vraiment pas pour nous ! A la base on avait une autre idée du voyage, on souhaitait acheter un véhicule, l’assurer, et de prévoir une petite somme pour les éventuelles réparations mais cela ne s’est pas fait. Mais grâce à notre manière de voyager on a dépensé cette somme qui est hyper économique.   

Humanvibes : Alors peut-être entrer au Ministère du tourisme ?

A : Oui ça ce serait mieux !

H : Ou à celui des sports ? Parce que c’était quand même un peu sportif ?

Marion : Il y a ceux qui ont fait des exploits beaucoup plus sportifs que nous !

A : Oui, il y en a ceux ont fait le même voyage en vélo, en marchant, en courant, en kayak en longeant les côtes alors que nous avons juste porté nos sacs, marché un peu et surtout levé le pouce  en attendant au bord des routes.

M : Je pense quand même que j’aurais des petites idées pour le Ministère du budget ! (rires)

 

Brésil  – 28 septembre 2010 – Rio de Janeiro

Amélie —–> Marion / page 9 :

Rio de Janeiro a été notre point de départ de notre aventure, et je me rappelle que pour l’occasion nous chantions là-bas "Si tu vas à Rio" de Dario Moreno. Serais-tu capable de pousser le début de la chansonnette ?

M : (en chantant) Si tu vas à Rio / N'oublie pas de monter là haut… En fait on ne connait pas les paroles !

A : On faisait surtout des la la la comme beaucoup de gens je pense.

H : Mais y avait-il une raison particulière d’arriver à Rio ?

: On voulait faire une route mythique qui était Ushuaia – Alaska, et donc Rio n’était pas du tout dans le voyage. Mais arriver directement à Ushuaia, c’était beaucoup plus cher à cause des vols intérieurs. De plus on souhaitait connaitre l’Uruguay dont on ne parle jamais, le Brésil juste au-dessus, et Rio ça fait rêver pas mal de monde, donc on s’est dit que ce serait bien de faire un petit crochet, nous n’étions pas à 6 000 ou même 10 000 bornes près…

H : Est-ce que vous chantiez beaucoup durant votre voyage ?  

M : Oui, on en parle un peu dans le livre, il y a des chansons qui nous revenaient en fonction des  villes traversées, mais heureusement ou malheureusement il y avait souvent de la musique dans les voitures ou dans les camions.

A : Oui, et en Amérique latine il y a toujours de la musique ! On se renseignait pour savoir quelles musiques étaient sympas, c’est comme cela que l’on découvert des artistes que l’on ne connaissait pas,  comme Seu Jorge au Brésil qui est incroyable…

M : Jorge Drexler en Uruguay qui est très bien aussi…

A : Oui, quoiqu’il arrive la musique était omniprésente.

 

Brésil  –  septembre 2010 – Rio de Janeiro

Marion —– > Amélie  / page 14 :

Nous nous sommes vite aperçues que nos sacs à dos étaient trop lourds, nous avons dû nous séparer d’objets inutiles. Pour moi c’était…un lisseur à cheveux, et pour toi Amélie quels étaient ces objets ?

A : J’avais une grosse brosse à cheveux dont je me suis séparée assez rapidement, j’avais un hamac que j’ai donné à mes parents pendant le voyage, mais comme j’adore ça j’ai dû en racheter un autre

H : Vous les avez donnés à Martin, vous les a-t-il renvoyés en France ou trône t-il dans un musée à Rio ? 

: Non, on a tout récupéré ! J’avais même donné mon masque et mon tuba à une allemande qui retournait chez elle en passant par la Jamaïque pour qu’elle puisse en profiter, et une amie à elle qui passait par la gare de l’Est me les a redonnés bien longtemps après.

: Ceci dit quand on regarde les photos, nous sommes surprises de voir des choses que l’on a laissées sur la route, soit parce que on les a perdues, données ou échangées, il y donc encore notre trace aux Amériques ! (rires)

 

Brésil – Bonito – plage d’Ipanema

Amélie —->  Marion / page 24 :

Est-ce que tu pourrais expliquer plus en détail la règle du jeu de la "pétong" ?

: C’est une adaptation de la pétanque, Il faut lancer avec les pieds ses tongs en se rapprochant le plus possible du cochonnet, un citron vert par exemple. Il y a des variantes avec les tongs qui tombent sur la tranche, retournées, une tong sur une autre, mais j’invite tout le monde à y jouer aves ses propres règles. Le principal est d’abord d’être dans un bel endroit avec des amis.

 

Argentine – Décembre 2010 – Réserve de Punta Tombo

Marion —–>  Amélie / page 59 :

Le blues de Janvier, une chanson d’une face B de Johnny Halliday ? Est-ce que ce blues te revient chaque mois de Janvier ?

: Oui…Surtout en France quand il fait froid, le mois de Novembre c’est déjà un peu la déprime, l’été est loin, heureusement il y a les fêtes en famille en décembre pour remonter un peu la pente, mais là on était loin de tout ça, et c’était effectivement le blues parce que je m’étais fait attaquer à Buenos Aires et j’avais encore mal aux pieds et au genou avec la peau arrachée sur le bitume. En plus à ce moment là on cherchait à acheter un véhicule et on n’y arrivait pas. On est resté peut-être trop longtemps à Buenos Aires qui est une ville tentaculaire, gigantesque, c’est eux qui ont l’avenue la plus large du monde,  et tout ça cumulé fait qu’à ce moment là on a accusé un peu le coup…

M : Moi personnellement, j’ai toujours le blues au mois de Janvier, ça ne dure pas très longtemps.

A : Mais c’est rien, après on repart de plus belle !

 

Chili – Février 2011 – Esquel

Amélie —–> Marion / page 84 :

Est-ce que tu peux nous fabriquer un réchaud avec ces canettes ?

H : (Je sors des canettes de mon sac, ndlr)

A : Alors celle là on ne nous l’avait jamais faites !

: Il faut je le fasse en live ?

: Oui, si ce n’est pas trop long

: Si, ça prend un peu de temps et il faut des outils. En gros, il faut découper la canette en deux  et faire des petits trous dans la partie du dessus…

A : Non… c’est pas ça… Il faut découper 3 parties dans 2 canettes, un dessus, un dessous, une partie du milieu, et les assembler…

: Donc, non je ne peux pas. Un ami nous avait montré comment faire et la sienne fonctionnait très bien. C’est vraiment utile pour les voyageurs en mettant juste un peu d’alcool dedans, et en plus on peut la vider et la réutiliser, et la transporter sans problème, mais pour en faire une il faudra demander à quelqu’un d’autre ! (voir photo ci-dessous, ndlr)

 

Argentine – Mars 2011 – Mendoza

Marion  —–> Amélie / page 98 :

Après 6 mois de voyage on commence à évaluer les gens que l’on rencontre, on devine leurs pensées, on s’adapte aux situations. Est-ce que l’on aurait pu tourner dans un épisode de Mentalist ou Lie to Me ?

: Désolée je ne connais pas ces séries car je ne regarde pas la télé…Mais vu le titre j’imagine de quoi il doit s’agir. C’est plus de l’intuition en fait, même si au départ on essaye de cerner les gens, c’est plus du feeling qu’autre chose. On peut voir avec l’attitude, la manière de parler, le regard, si une personne est bien attentionnée ou pas. Après il est possible de cacher son jeu et cela est arrivé que l’on se trompe.

: Donc pas de dispositions particulières ?

: Non…mais s’il devait y en avoir alors ce serait d’être ouvert aux autres, et je pense que nous le sommes au départ, s’intéresser aux gens est primordial. Quand on montait dans les véhicules, on avait à peine le temps de parler, il fallait prendre une décision rapidement en posant 2, 3 questions, et dans plus de 95% des cas nous sommes montées.

M : Et puis nous ne sommes pas mentalistes, car il y a plein de choses qui nous sont arrivées comme ça, sans prévenir, qui ont été des moments formidables, je pense au Belize, ou à cet avocat, Ademir au Brésil, qui nous a pris en stop avec son petit costard, qui avait manifestement un niveau de vie au-dessus de la moyenne, et qui nous a invité à l’hôtel en tout bien tout honneur, qui nous a invité à manger, et qui était vraiment sympathique.

: Oui, la générosité des gens, on ne pouvait pas la prédire, cela nous a impressionné beaucoup de fois.

 

 Colombie –  Juin 2011 – Bogota

Amélie —–> Marion / page 178 :

Les routes de l’impossible. Est-ce que tu as des cauchemars en y repensant ?

M : La Colombie c’était plutôt « piece of cake » par rapport à la Bolivie et au Pérou, où je crois que c’étaient les pires routes que j’ai vue personnellement de toute ma vie. Il y a la fameuse route de la mort à coté de La Paz, et il y a une route qui n’est pas nommée comme ça mais qui est encore plus flippante pour aller de Cuzco à Hydroelectrica, près du Machu Picchu. En Colombie ce qui fait « peur » et qui paradoxalement peut rassurer aussi, c’est la présence de militaires partout sur les routes qui demandent à ce que les occupants en voitures leur fassent des signaux pour vérifier qu’ils ne sont pas pris en otage. Mais d’une manière générale tout ce que l’on entend sur la corruption en Amérique du sud, notamment au sujet de la Colombie et du Brésil, nous n’y avons pas été confrontées et les policiers étaient plutôt là pour nous aider dans nos expériences, à part certains en Argentine. D’une façon générale, ils nous aidaient pour faire du stop, et il est arrivé qu’ils arrêtent un conducteur pour lui donner l’ordre de nous prendre en voiture, ce qu’on ne peut pas imaginer en France et heureusement, mais ce sont les magies du voyage et les surprises latinas !

 

Nicaragua – Août 2011 – Chaco Verde

Marion —–> Amélie / Page 226 :

Est- ce que tu peux regarder l’intégrale des films Spiderman sans crier ?

: Avec les araignées je ne peux pas !  Marion ce sont les serpents, chacun son truc.

H : Des fois il arrive que l’on soigne le mal par le mal ?

A : Non, je n’ai pas eu à me soigner, c’est répugnant !

M : Et je pense qu’Amélie n’a jamais vu de films de Spiderman…

: En fait non, c’est pas une question d’araignée, ce ne pas mon style de films…(rires)

 

Belize – Octobre 2011 – Belize City

Amélie —–>  Marion / Page 274 :

Est-ce que tu peux nous faire « Le Grand Bleu 2,  le retour » en nous décrivant les sensations que procurent le Great Blue Hole ?

: La première fois que nous y sommes allées, on l’a fait avec masque et tuba ce qui était déjà très bien, mais pour vraiment profiter du site qui est sensationnel, il faut le faire en plongée. En fait c’est un cénoté avec des stalactites extraordinaires et spectaculaires et des requins qui viennent s’y reposer. Je me souviens qu’avec Amélie, sous l’eau on s’est demandé ce que l’on faisait là car on était arrivé depuis 1 semaine, on n’avait pas l’intention d’y aller parce que c’était beaucoup trop cher, et là on plongeait dans le Blue Hole ! On avait vraiment l’impression de voler, sans bouger au-dessus des coraux, et de profiter de tout ce qui nous entoure, c’était top ! 

 

Mexique – Novembre 2011 – Mexico

Marion —–> Amélie / Page 302 :

Est-ce que finalement nous ne sommes pas des Sherlock Holmes parce que nous adorons résoudre des problèmes ?

A : C’est vrai qu’on aime résoudre des problèmes ! Et je dirais que l’on aime se mettre dans une galère pour la résoudre !

: A ce point là ?

A : Oui, parce que l’expérience de notre voyage nous appris que si on ne galérait pas un peu, on avait moins de satisfaction à ce que l’on obtenait. Nous n’avions pas envie d’aller simplement à l’hôtel et de prendre un bus pour se déplacer. On s’est dit que c’était mieux de chercher l’hospitalité chez les gens sympas qui pourraient nous renseigner sur pleins de choses dans le coin, nous faire découvrir leurs façons de vivre, même si parfois on a passé des sales nuits à dormir par terre. Mais les difficultés – mot finalement que je préfère employer plutôt que celui de galères – que l’on a rencontrées nous ont permis de faire des trucs géniaux, comme par exemple au Blue Hole où au lieu de dormir à l’hôtel, on a demandé à camper sur un ponton et tout s’est enchainé. Quand on cherche à résoudre les problèmes de base, manger, et dormir en sécurité, le reste ça va, on a le temps, on a la liberté…     

 

Etats-Unis – Janvier 2012 – vers Seattle

Amélie —–>  Marion / Page 357 :

Nous avons intitulé un chapitre « Ils sont fous, ces ricains »  Est-ce que pour toi le peuple américain est celui qui semble le plus « border line » de tous les peuples que l’on a rencontrés ?

: C’est un peu difficile de répondre à cette question avec le contexte qui a bien changé depuis ! On a croisé des gens qui étaient complètement à l’opposé de ce que l’on pense, mais on les écoutait quand même sans s’opposer, et ce n’est pas très grave parce qu’on n’était pas là pour leur dire ce qu’il fallait penser ou pas. Nous avons juste fait un témoignage de ce que l’on a vu et entendu mais il ne s’agit pas d’une analyse des Etats-Unis.

: Pourquoi on a dit "ils sont fous ces Ricains" ? C’est lié à notre expérience que l’on a vécu là-bas  parce qu’on a rencontré des gens un peu "dingos" ! (rires)

 

Alaska – Juillet 2012 – Prudhoe Bay

Marion —–>  Amélie / Page 409 :

Te souviens-tu du prénom de la dernière personne à nous avoir prise en stop ?

A : Oui…oui, c’était…Gérard ou Gerald ?

M : Je dirais Gérald…

: C’est Gérald ! Et vous avez gardé en mémoire les prénoms des personnes qui ont compté pour vous durant ce voyage, comme l’avocat par exemple ?

: Il y a certaines personnes qui sont plus importantes parce qu’on en a des souvenirs mémorables pour X raison, Ademir dont on parlait tout à l’heure fait partie de ceux-là car c’était un des premiers qui nous a fait confiance comme on lui a fait confiance et c’est à cette période là que l’on s’est dit que faire du stop pourrait nous emmener très loin.

A : On n’a inventé aucun prénom dans le livre, soit on s’en souvenait, parce qu’on l’avait noté, ou si ce n’était pas le cas on décrivait la personne. D’ailleurs avec certains nous avons gardé contact.

 

Alaska – Juillet 2012 – Prudhoe Bay – Epilogue

Amélie  —–>  Marion / Page 410 :

Lors de notre voyage, quel climat as-tu préféré, froid ou chaud ?

: En fait on a essayé de suivre l’été pendant 2 ans, et ça c’était plutôt bien. Mais nous n’avons jamais eu des températures élevées dans un sens ou dans l’autre, mais à choisir je préfère le chaud.

A : Oui, moi aussi je préfère le chaud, et on voulait absolument arriver en Alaska en plein été car nous n’étions pas spécialement équipées et en hiver cela aurait posé des problèmes pour dormir sous la tente. Mais les alaskiens sont tellement hospitaliers que même en plein hiver ils ne nous auraient pas laissées dehors.

: C’est pourquoi ils prennent beaucoup d’autos stoppeurs même en été, car ils ont cette culture de ne laisser personne au bord de la route pendant l’hiver.   

H : Marion et Amélie, merci

M & A : Merci à vous

 

Propos recueillis le 18/02/17

 

Marc / Humanvibes

 

Interview d'Amélie et Marion Laurin : Voyage, voyage                Dédicace d'Amélie et Marion Laurin pour Humanvibes

Amélie et Marion Laurin –  Jusqu'au bout de la terre  – City éditions

 

Photos inédites :

 

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Amélie et Marion Laurin –  Jusqu'au bout de la terre

 

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Marc / Humanvibes

 

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