Lettre à Thomas Pesquet
Thomas Pesquet – ESA
Cher Thomas Pesquet, (ou devrais-je dire TP² car TP est déjà pris par un célèbre joueur de basket)
En vous écrivant cette lettre, j’ai l’impression de m’adresser déjà à un monument malgré votre jeune âge, tant votre célébrité a dépassé nos frontières terrestres et intersidérales ! Vous avez beaucoup de qualités, comme par exemple parler couramment l'anglais, le russe, l'espagnol et l'allemand. Il faut dire que votre mère y est pour beaucoup. En effet, durant 9 mois avant votre naissance le 27 février 1978 à Rouen, elle vous passait H24 les Very Best Of de Bob Dylan, Yvan Rebroff, Julio Iglésias, et Nina Hagen en collant des écouteurs sur son ventre rebondi. Ça aide. Alors que ma mère s’est contentée de me passer en boucle la chanson des Beatles "Please, please me" ce qui explique mon piètre niveau d’anglais.
Vous avez des capacités intellectuelles et physiques hors normes à tel point que durant votre périple, des voix se sont élevées trouvant vos performances un peu trop surnaturelles, voire approchant celles d’un robot ! Elles ont demandé à la communauté scientifique à votre retour de vous faire passer le test Voight-Kampff emprunté au film " Blade Runner" de Ridley Scott sorti en 1982. En un mot comme en cent, êtes-vous oui ou non un répliquant ? Merci de répondre, nous gagnerons tous du temps.
On croyait tout savoir sur votre séjour dans l’ISS, mais en fait non. Après des recherches et des jours d’enquêtes qui feraient passer l’inspecteur Colombo pour un junior débutant, je suis en mesure de révéler des anecdotes qui nous avaient échappées. Jugez plutôt.
Vous êtes originaire de Normandie, tout le monde le sait. Vous tenez énormément à cette appartenance, ce qui vous a amené à des excès qui ont parfois un peu plombé l’ambiance dans la station spatiale. Sous la douche, dans les toilettes, pendant vos 2 heures et demi de sport journaliers, et vos expériences, vous n’avez cessé de chanter des chansons en rapport avec votre région normande à rendre dingue vos collaborateurs comme "Ma pomme" de Maurice Chevalier, " Pomme de rainette et pomme d’api", "Made in Normandie" de Stone & Charden, "Le pommier à pomme" de Gilbert Bécaud etc. Et vous finissiez systématiquement toutes vos phrases par la même citation: "Si tu as une pomme, que j’ai une pomme, et que l’on échange nos pommes, nous aurons chacun une pomme. Mais si tu as une idée, que j’ai une idée et que l’on échange nos idées, nous aurons chacun deux idées". (George Bernard Shaw – 1856 – 1950). Pendant un peu plus de 6 mois je comprends que cela lasse un tantinet. L’équipage et les équipes sur terre ayant seulement un peu de répit quand, avant de vous endormir, vous lisiez 3 pages de votre livre favori "Le Petit Prince".
Sachez que cela a eu des conséquences sur votre date de retour. En effet, initialement prévue le 6 Juin, elle a été avancée au 2 Juin. Pourquoi ? Parce que tout le monde avait peur que pour célébrer le jour du débarquement vous ne fredonniez à longueur de journée les 4 premières notes de la 5ème Symphonie de Beethoven : po-po-po-pomme, po-po-po-pomme…
Heureusement, il y eut quand même de bons moments ! Tous les jours sur les coups de 11h30 (13h30 en France) vous offriez généreusement un apéritif normand à vos collègues accompagnés de cubes de fromage. D’ailleurs Peggy Whitson, membre de l’équipage, quelque peu grisée par votre Apple Sunrise journalier, n’en finissait pas de vous poser la même question dans un français approximatif : "Sacrément Thomas ! Vous êtes plumé de Supapéro à to lose n’est-il pas ? " Comprenez plutôt : " Sacré Thomas ! Vous êtes diplômé de Supaéro à Toulouse, n’est-ce pas ?"
Au final tout l’équipage a fini par vous donner un surnom qui ne vous a plus lâché durant les missions Proxima 50 et 51 : Le Petit Rince.
Je vous avouerais quand même que je suis bien content que vous soyez de retour sur le plancher des vaches… normandes. Vous n’avez pas arrêté de prendre des photos de la terre; 789457 exactement ! Je ne sais pas pour les autres habitants de la planète, mais j’avais l’impression qu’il y avait quelqu’un qui m’observait constamment au-dessus de ma tête. J’avais peur de me retrouver un jour dans votre profil Facebook, ou dans la double page centrale du prochain numéro collector du magazine Géo dans des situations gênantes.. J’ai donc arrêté de me mettre les doigts dans le nez en marchant en allant travailler, de traverser en dehors des passages piétons, j'évitais de sortir en chemise sans manteau et écharpe à l’heure du déj en plein hiver, ce qui aurait déclenché une volée de bois vert de la part de ma mère, et je surveillais que l'étiquette de mes t-shirt ne ressortent pas au niveau du cou à l'arrivée des beaux jours. Maintenant que la pression est retombée, je peux me lâcher…
Vous avez pratiqué de nombreuses expériences, certes, mais qui sait que tout cela a servi à masquer la seule et vraie mission scientifique, philosophique et existentielle qui vous avait été attribuée lors de vos sorties extravéhiculaires ? L’Homme peut-il rester dans un scaphandre pendant 6 heures durant sans éternuer et/ou l’envie de se gratter le nez et/ou les oreilles ? Mission réussie ? Malheureusement pas tout à fait car une zone d’ombre restera – comme celle de la face cachée de la lune – et elle a provoqué une grosse interrogation chez vos instructeurs. Pendant votre 2è sortie extravéhiculaire – au bout de 2h 47 minutes et 26 secondes – une panne de caméras et de son est intervenue durant 32 petites secondes ; ce qui a jeté le doute. Qu’avez-vous fait durant ce laps de temps ? Jusqu’à maintenant vous avez refusé de répondre…
Par contre depuis votre retour, je vous sais très très inquiet, et je sais pourquoi…
Je vais vous rassurer, c’est moi qui les ai récupérées et je me ferais un plaisir de vous les remettre en mains propres. Non, ce n’est pas les clés de la porte d’entrée du sas de l’ISS, mais bien de certaines photos plus "personnelles" que vous avez égarées. Sachez qu’une de vos clés USB est tombée de Soyouz sur ma terrasse lors de votre retour, alors que je bullais tranquillement après le repas au lieu de faire la vaisselle. Il n’y a rien de trop compromettant je vous rassure, juste quelques photos et des annotations concernant des objets, parfois expérimentaux, à tester dans l'ISS. Cela donne une autre dimension à votre voyage dans l’espace qui mérite d’être dévoilé au grand public. Je préviens tout de suite que la qualité des photos est un peu altérée, car la clé a subi des chocs qui ont un peu endommagé son contenu.
Quoiqu’il en soit cher TP², encore félicitations pour votre escapade spatiale qui nous a fait tous rêver, et je vous invite à parler de cela tranquillement autour d’un Apple Sunrise sur ma terrasse un de ces jours.
Bien cordialement,
Marc
Ce qui suit est une sélection de photos et de textes prises dans l'ISS figurant sur la clé USB
Un flacon de crème de douche ? Non, l’apéritif normand Apple Sunrise que Thomas Pesquet avait habilement dissimulé dans le flacon au nez et à la barbe des douaniers du "pas de tir Gagarine" de Baïkonour ! Calvados 7 ans d’âge / jus d’orange / crème de Cassis.
Photo TP²
Une tapette à moustiques ? Non, une pomme d’amour, dessert favori de Thomas Pesquet spécialement conçue pour les contraintes techniques de l’ISS par le chef étoilé Thierry Mars.
Photo TP² Photo TP²
Un miroir de poche ? Non, un lecteur de mini CD expérimental nomade fabriqué par Nose avec enceintes stéréo intégrées d’une autonomie de 4 mois grâce à ses nano batteries de nouvelle génération.
Photo TP² Photo TP²
Un cheveu grossi 18500 fois ? Non, un rasoir laser expérimental Ji Let multi fonctions à amplificateur optique avec téléphone / accès internet / Wifi / Bluethooth
Photo TP² Photo TP²
Un vaisseau extraterrestre photographié à tribord de l’ISS ? Non un batteur expérimental à reconnaissance vocale pour la mayonnaise et autres blancs en neige – sans contact – fabriqué par la marque française Apeule et désigné par Philippe Slarkk.
Photo TP² Photo TP²
Des tomates farcies avec purée de pomme de terre spécialement conçues pour les contraintes techniques de l’ISS par le chef étoilé Thierry Mars ? Non, des sucettes à la fraise.
Photo TP² Photo TP²
Le doudou préféré de Thomas Pesquet ? N… Euh…Comment dire… Euh oui, doudou prénommé Holly offert pour ses 3 ans par tante Gigi dont il ne se sépare jamais.
Photo TP² Photo TP²
Emballage de cubes de fromage de "La vache qui s'bidonne" avec lesquels Thomas Pesquet a pu faire étalage de sa culture auprès de l'équipage en répondant à toutes les questions.
Photo TP²
Marc / Humanvibes