Hommage à Roger Carel

Hommage à Roger Carel

                                                     Hommage à Roger Carel

Roger Bancharel, dit Roger Carel, le Maître du doublage, nous a quitté le 11/09/20.

J’ai rencontré Roger Carel en 2011. Il faisait ses courses au marché de Villemomble où il résidait depuis 1989 (la ville lui avait consacré une exposition en novembre 2011), et il n’était pas rare le croiser à la boulangerie. À l’époque, je co-animais l’émission Cin’Hebdo à Radio Recc, radio web universitaire de Paris-Est Marne-la-Vallée, et l’idée m’était venue de lui proposer de venir assister à une émission. Il avait accepté avec sa gentillesse coutumière. J’avais même écrit un texte humoristique complètement inventé sur sa vie. Pour lui faire une surprise je devais le lire en direct, et  j’avais glissé les noms de certains films où il était apparu. Nous avions échangé très cordialement au téléphone et par mails, mais très affecté par la disparition soudaine de certains de ses amis comédiens, il avait finalement décliné l’offre. C’est avec émotion que je diffuse pour la première fois mon texte…

 Texte que je comptais lire en direct durant l’émission. En gras les films dans lesquels Roger Carel a joué.

Cher Monsieur Carel,

Vous ne le savez pas, mais vous êtes un peu l’Ami de la famille. Nombreux sont les adultes dont vos voix célèbres ont bercé leur enfance. Encore aujourd’hui beaucoup d’enfants découvrent à leur tour vos doublages inimitables. Incognito vous l’êtes, caché derrière les voix de vos personnages.  L’exposition qui vous était consacrée à Villemomble en 2011 m’avait mis La puce à l’oreille. Je vous imagine sans peine, gamin dans La Grande récré mettre Le grand bazar autour de vous lorsque vous vous prenez pour Le petit prof pour faire rire vos copains de classe. Employant Les grands moyens le directeur de l’établissement ne manque pas alors de vous menacer de figurer comme d’autres de vos camarades à La foire aux cancres en fin d’année, espérant que cet électrochoc vous permette de vous remettre sur les traces du succès comme Le fils de Lagardère.

« Bancharel ! Je vous demande d’arrêter vos pitreries, Et qu’ça saute ! Combien de fois avez-vous entendu cette phrase de vos professeurs ? Vous détestez que l’on vous dicte votre conduite, rebelle on retrouvera d’ailleurs à la fin d’une de vos rédactions un : Signé Furax, et vous vous vengerez en tapant comme un forcené sur La grosse caisse lors d’une fête organisée par votre professeur de musique.

Oui, mais tout ça c’était avant le drame… Je fais ici référence au fait que vous aviez un sosie dans votre quartier dans les années 50, mais que vous ne le saviez pas. On est toujours trop bon avec les femmes, répétez-vous autour de vous. Béru et ces dames, tel est le nom que l’on vous affuble également dans les bistrots. Certains déclarent que vous êtes le directeur d’un cabaret un peu louche nommé L’empire de la nuit, que vous y produisez des spectacles hauts en couleurs tel que L’émir préfère les blondes, Comédie d’amour ou encore Le diable rose. On vous soupçonne même de vols d’objets d’art ! Mon homme n’est pas celui que vous croyez ! dit votre épouse prenant votre défense.

On a volé la cuisse de Jupiter ! On a volé la cuisse de Jupiter ! Le personnel du musée cambriolé semble vous reconnaître, tout vous accuse, mais cette fois trop c’est trop ! Le jeune marié que vous êtes prend alors les choses en main. Arpentant les rues avec Le triporteur d’un ami, vous menez votre propre enquête, et vous vous apercevez que vous avez La gueule de l’autre. L’autre ce n’est ni Auguste, ni Clérambard, mais un ancien militaire. Peu recommandable, il brouille les pistes en jouant sur votre ressemblance commune. C’est un voleur à ses heures perdues bâtant La grande frime, ce qui vous fera dire : Soldat Duroc, ça va être ta fête ! Finalement Duroc disparaîtra L’été meurtrier de 1955 par la main d’une ancienne fille de joie nommée Eglantine. Elle cause plus….elle flingue, sera la dernière phrase prononcée par l’indélicat. Il y laissera Ophélia, Une veuve en or, qui s’apprêtait de toute façon à lui faire Le coup du parapluie.

Duroc était un voleur et un véreux prêteur sur gage, alors que vous, c’est décidé, vous serez un heureux prêteur sur voix, mais pas seulement. Car parallèlement à votre carrière de comédien de doublage, vous suivrez une riche carrière d’acteur à la fois sur scène, sur les ondes, et à la télévision.  Les voix de vos personnages continuent à nous faire rêver, pareil à la vision d’un palais dans Les Mille et une nuits. Asterix, C-3PO, Winnie l’ourson, Porcinet, Benny Hill, Hercule Poirot, Woody Woodpecker, Maestro, Kermit et j’en oublie, se joignent à moi pour vous dire encore merci Monsieur Carel !

Marc Bélouis

Et pour aller plus loin :

Retour sur l’exposition de 2011 consacrée à Roger Carel à Villemomble en Seine-Saint-Denis

http://danslombredesstudios.blogspot.com/2011/11/inauguration-de-lexposition-roger-carel.html

Interview de Roger Carel sur AlloDoublageTv

AlloDoublageTv(2012) – Roger Carel

Rétrospective vocale sur Roger Carel sur AlloDoublageTv

AlloDoublageTv(2012) – Roger Carel – Restrospective #1 – YouYube

Quand Benny Hill rencontre sa voix française en la personne de Roger Carel en 1991

The Benny Hill Fan Consortium(2020) – Benny talks with his french voice dubber Roger Carel – YouTube

Marc / Humanvibes

Publié le 19/11/20

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