Regarde-moi bien dans les yeux : vis ta vie à fond !

Regarde-moi bien dans les yeux : vis ta vie à fond !

 

                                              Regarde-moi bien dans les yeux : vis ta vie à fond !

 

Regarde-moi bien dans les yeux : vis ta vie à fond !

Le 3 F ! Filéas, fidèle parmi les fidèles  © Antoine Durand

 

INTERVIEW – L’artisto chat Filéas, de la race des Chartreux, se confie sans langue de bois sur Humanvibes ! Compagnon indéfectible d’Antoine Durand, atteint de la myopathie de Duchenne, il nous explique comment fonctionne leur duo.

 

Vous êtes de la race des Chartreux, l’un des chats préférés des Français et l’ambassadeur du bon goût et de la culture française, dit-on. Qu’en pensez-vous ?

FILEAS – J’avoue que j’éprouve une certaine fierté à faire partie de cette race noble, très plébiscitée des ménages français. D’autant plus que je possède un pédigree et que je suis né dans un élevage renommé. À l’image de la France, j’apprécie par-dessus tout la gastronomie française, en particulier la cuisine au beurre qui fait la réputation de notre pays. Bien que mes maîtres ne me donnent que des croquettes, j’ai régulièrement l’occasion de déguster toute sorte de plats qui ne me sont pas destinés, enfin, en théorie.

Quel est le quotidien que vous partagez avec Antoine ?

Je passe pas mal de temps avec Antoine, notamment l’hiver, où il est souvent bien au chaud à l’intérieur, tout comme moi d’ailleurs. Aussi, il est souvent en télétravail ce qui me permet de suivre ses occupations. J’apprécie de lui tenir compagnie, car sa présence est plutôt agréable. Je suis à ses côtés lorsqu’il écrit et rédige ses articles et ouvrages. Ne dit-on pas que le chat est le meilleur ami de l’écrivain ? J’assiste bien entendu aussi à ses repas, qui durent de plus en plus longtemps, du fait de ses difficultés à manger. Il m’arrive aussi de dormir à ses côtés, mais le bruit de son assistance respiratoire ne facilite pas la venue de mon sommeil.

Vous rendez-vous compte qu’Antoine nécessite une attention toute particulière ? Vous êtes-vous renseigné sur sa maladie, la myopathie de Duchenne ?

Antoine a en effet des besoins importants et réguliers, du fait de sa dépendance physique. Il faut être en permanence vigilant par rapport à ses appareils respiratoires, dont Antoine dépend de façon vitale. Il a besoin d’une présence humaine à ses côtés 24h/24, assurée en majorité par ses 7 auxiliaires de vie, et dans une moindre mesure par ses parents. La myopathie de Duchenne est en effet une maladie très grave, évolutive, avec une perte progressive de la force musculaire, et qui touche également les poumons et le cœur. En conséquence, il en résulte une durée de vie bien inférieure à la moyenne. Mais quand je vois le quotidien que mène Antoine, je me dis que ce n’est pas un frein à sa vie, bien qu’elle demande une organisation bien rodée. Et cela ne l’a jamais empêché d’atteindre ses objectifs, ni d’être épanoui.

Regarde-moi bien dans les yeux : vis ta vie à fond !

Prêt à bondir à la moindre occasion ! © Antoine Durand

 

Est-il facile à vivre ?

Antoine a plutôt un bon caractère de façon générale. Toutefois il ne faut pas oublier qu’il a une forte personnalité, qui peut parfois s’avérer fatigante. Il a beaucoup d’énergie et ne se rend pas toujours compte que ce n’est pas le cas de tout le monde, ce qui peut parfois épuiser son entourage. Aussi, bien qu’Antoine ait une bonne maîtrise de soi, il peut lui arriver d’avoir de fortes colères. C’est rare, mais quand cela arrive, je m’en souviens !

Sans vous sa vie ne serait sans doute pas la même. Quel est le soutien que vous lui apportez et à toute la famille ?

Bien entendu. J’aide Antoine à cultiver la sérénité et le détachement. Je suis présent pour lui aussi bien dans les moments de peine et de joie, notamment lorsqu’il doit affronter une nouvelle étape de sa maladie. Je l’accepte tel qu’il est et je ne le juge pas, son handicap ne m’a jamais dérangé. J’appartiens sans exagérer à une famille d’hyperactifs qui passent trop de temps à travailler, surtout depuis ces dernières années. Antoine ne fait pas exception. De part mon style de vie, j’essaie de leur montrer les vertus de l’oisiveté, et du caractère indispensable du repos. Je les aide aussi à plus être dans le moment présent.

Quels sont les qualités qu’un chat doit avoir pour assurer cette complicité ?

Je dirais que la qualité première d’un chat est le non-jugement et le fait d’accepter son maître tel qu’il est. C’est parfois exigeant mais c’est primordial. Il faut bien sûr être plutôt sociable et avoir une certaine proximité avec son ou ses maîtres. Il est aussi nécessaire de se montrer empathique et sensible à la manière dont les maîtres se sentent et savoir les réconforter lorsqu’ils ne vont pas bien. On peut dire que c’est un travail à part entière pour lequel je suis rétribué en nourriture et en caresses.

On dit que par le regard, beaucoup de choses peuvent passer. Lui suggérez-vous parfois inconsciemment des idées ?

En effet, je lui suggère régulièrement de penser plus à lui et de s’accorder des moments de détente : il en a besoin. Je me demande régulièrement comment il peut en faire autant, car il peut encaisser beaucoup avant d’être gagné par la fatigue. J’essaie aussi de le mettre en garde de ne pas se retrouver en situation d’épuisement, qui serait préjudiciable avec sa pathologie. Mais je vois bien que j’ai du mal à le convaincre, il n’en fait qu’à sa tête mais je pense qu’il en a conscience.

Regarde-moi bien dans les yeux : vis ta vie à fond !

Filéas utilise la méthode "Agile" pour se déplacer © Antoine Durand

 

Antoine est Il est également auteur et ingénieur en génie civil. Lui avez-vous déjà demandé de penser à l’arbre à chats du futur ?

J’ai tenté de le faire travailler sur le sujet, mais il m’a beaucoup déçu. Il est déjà tellement accaparé par d’autres projets qu’il n’a pas de temps à y consacrer. C’est dommage car je suis sûr qu’il aurait de bonnes idées.

Avez-vous une anecdote amusante à partager ?

Je me rappelle d’un vol que j’ai commis lors d’un repas (avec le recul je n’en suis pas très fier car j’ai profité de la faiblesse de mon maître : honte à moi). Un jour, il y a longtemps, je me suis permis de terminer son steak haché, que j’ai récupéré directement dans son assiette. Je n’ai pas pu résister : il était saignant et bien juteux ! Mais Antoine n’a pas du tout apprécié, et je le comprends. J’aurai réagi de la même façon s’il avait fini mes croquettes.

Que diriez-vous aux personnes handicapées qui hésiteraient à accueillir un chat chez eux ?

Je leur dirais de prendre un chat les yeux fermés, mais en veillant à ce qu’il soit un minimum sociable et avec un bon caractère. Un chat est une présence irremplaçable, qui apporte réconfort et douceur. Pour les personnes handicapées, c’est un vrai bonheur de vivre avec un compagnon qui ne juge pas et vous accepte tel que vous êtes. Bien loin des préjugés et des discriminations dont elles peuvent être victimes. L’essayer c’est l’adopter !

Regarde-moi bien dans les yeux : vis ta vie à fond !

Rien ne vaut une bonne sieste ! © Antoine Durand

 

Et vos amis à quatre pattes, que pensent-ils de tout cela ?

Je ne sais pas trop, je fréquente peu les autres chats. Mais quoi qu’il en soit, pour mes autres congénères, le fait que leur maître ait un handicap ou pas importe peu, c’est une règle quasi générale chez les chats. Mes amis à 4 pattes s’accordent à dire que nous apportons une vraie utilité sociale aux êtres humains, en contribuant à leur qualité de vie.

Une question à laquelle vous auriez aimé répondre, et que je ne vous ai pas posée ?

C’est déjà bien, j’ai déjà répondu à beaucoup de questions. Il est temps pour moi de faire la sieste au soleil dans le canapé, avant qu’il ne se couche. Quoi de mieux pour bien digérer ses croquettes !

 

Propos recueillis le 12/11/2022

 

Et pour aller plus loin :

 

Le soyeux Chartreux est radieux, parbleu !

Le Chartreux : un chat royal ! – Samedi à tout prix (2016) – YouTube

 

Marc / Humanvibes

Publié le 16/11/2022

 

Comments

No comments yet. Why don’t you start the discussion?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *