Avis sur Les disparus de Blackmore de Henri Lœvenbruck (3/3)
De nombreux mystères à résoudre ! © XO éditions
HUMANVIBES VOUS RECOMMANDE
Même un épais brouillard ne saurait cacher la vérité diabolique…
Henri Lœvenbruck sera présent au « Festival internationnal quais du polar » du 31 mars au 2 avril 2023, à Lyon.
À cette occasion, mon avis « novélisé » intitulé « L’intrépide David K. » – en bain musical immersif – sur son roman « Les disparus de Blackmore » chez XO éditions, paru le 23 février 2023.
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MUSIQUE 7
Boards of Canada · Beware The Friendly Stranger
Mousetrap Inn
La pluie redoublait. Alors que j’arrivais précautionneusement à une centaine de mètres de l’établissement, une scène digne d’une dramaturgie shakespearienne se jouait devant moi.
La Delage qui m’avait précédé, était garée sur le côté droit devant le lampadaire. Deux hommes trempés, à l’allure peu recommandable devisaient, assis sur le capot. Au même moment, de derrière un arbre, surgit une femme d’une trentaine d’années que je ne connaissais pas. Que faisait-elle là ? Elle s’adressa à l’un deux. Je m’approchais en catimini, caché par un arbuste, pour ne pas perdre une miette de la conversation animée.
HELDA
Je vous avais dit de ne pas intervenir. Cette histoire doit prendre fin. Connaissant très bien mademoiselle Chapelle, elle ne se laissera pas faire.
LE PREMIER SBIRE (à Helda)
Ce sont les ordres ! Et vous savez de qui ? Il ne faut pas LE contrarier.
LE DEUXIÈME SBIRE (à Helda)
Vous n’avez plus à vous mêler de cette affaire madame Lazasse, soyez raisonnable. Vous êtes hors jeu.
HELDA
Moi, Helda Lazasse vivante, je ferai tout pour vous empêcher de nuire, vous m’entendez ?
Au même moment, Lorraine Chapelle mit le nez dehors. L’enquêtrice dévala prestement tout en légèreté les quatre marches du perron avec caché dans son dos, une bûche. Elle s’adressa au duo de mécréants.
LORRAINE
Messieurs ! Quel est ce tohu-bohu ? On vous entend de l’intérieur malgré le fracas de la pluie et du vent. Si vous êtes des clients du Mousetrap, je vous invite à rentrer vous réchauffer devant la cheminée, sinon c’est moi qui vais faire monter la température de plusieurs crans en vous donnant le bâton, et pas qu’un peu. Je vous demande de déguerpir au plus vite !
LE DEUXIÈME HOMME (à Lorraine)
Dame ! J’ten ficherai moi des coups d’ bâton ! Allez ouste, par ici la sortie. De toute façon, on venait pour toi, sale petite fouineuse !
Rapide comme l’éclair, l'homme à la mine patibulaire se précipita sur la jeune femme et l’empoigna vivement par le cou en tentant de la jeter dans la voiture.
HELDA
Mais enfin ? Je vous demande de vous arrêter ! Lâchez-nous ! Au secours ! AARRRGGHHH !
J’hésitais à intervenir. Ça se débattait sévère. Le duo masculin tentait par n’importe quel moyen d’y faire entrer les deux femmes à l’arrière, alors que ces dernières faisaient tout pour l’éviter. Diable ! Quelles touches devais-je utiliser pour essayer de mettre en déroute les ravisseurs ? Je me séparais de mon parapluie, mais dans la précipitation, je me mélangeais les pinceaux. Tantôt, David K. dégainait un bouquet de fleurs, une allumette, un fusil de chasse, une bougie, ou encore faisait des bonds de cabri, jambe droite en extension dans le vide, jambe gauche repliée, en mode Bruce Lee : YEAAHHH HEEEEE, tout cela en direction d’une statue de Venus à l’opposé de l’action ! Finalement, David n’eut pas à intervenir. Edward Pierce s’interposa de façon magistrale en faisant parler la poudre très haut dans le ciel, rendue invisible par le brouillard.
EDWARD (aux deux hommes, en s’interposant)
BANG ! BANG ! Stop gentlemen. Vous n’aurez pas Lazasse et la Lorraine ! Que le Seigneur m’en soit témoin, je m’y engage !
BANG ! à nouveau. Edward fit voler en éclats le phare droit de l’automobile. L’enquêteur fit peur aux deux malfrats qui lâchèrent leurs proies respectives. Ils s’engouffrèrent dans la Delage, nouvellement borgne. Le conducteur fit rugir le moteur, et ils s’en allèrent sans demander leur reste. L’unique faisceau de lumière fut avalé par le smog.
LORRAINE (à Edward, d’un ton amusé)
Quelle bestialité, mon cher ! Je n’imaginais pas vous voir vous mettre un jour dans pareil état !
EDWARD
Il y a des situations, où mon tempérament bagarreur prend le dessus sur toute autre considération…
***
Voilà qui mettait fin à une situation délicate. Avec ma méconnaissance sur les fonctionnalités de la manette, le point de vue de mon personnage sur l’écran était passée par tous les états. Subjective, de près, de loin, du point de vue des protagonistes, de la terrasse de l’hôtel, de la Delage, d’une chouette dans les arbres. Cependant, l’image avait fini son parcours désordonné et finit par se figer sur le plan de la ville de Blackmore : mais à l’envers, avec Edgecombe Manor en haut, à droite.
Et là ce fut une révélation…
MUSIQUE 8
Si je regardais bien, la boucle que faisait High Street, Little Street et La Marette formait un gros bec pointu dont l’extrémité pointait à l’angle de la route de Hauteville et de High Street. En portant un regard général, cela ressemblait à la forme stylisée d’un… macareux !! Décidément, l’oiseau marin était très apprécié ici. Serait-il pertinent de refaire un tour vers les deux mégalithes du volatile que j’avais croisé à l’entrée de la ville ?
Plan de la ville de Blackmore à l'envers.
Plan de la ville de Blackmore – Copyright © 2023 Henri Lœvenbruck & XO éditions
Cependant trois questions demeuraient en suspens. Qui était Helda Lazasse ? La grand-mère de Birgit « la germanique » dont j’avais fait la connaissance à l’aérodrome d’Aurigny ? Qui était « LE » qui avait ordonné l’enlèvement ?
Je mettais tout cela de côté pour l’instant.
Mais surtout y-avait-il d’autres messages cachés dans les plans ? Vite ! Je visionnais dans le menu du jeu celui de l’île de Blackmore, et je le faisais pivoter dans tous les sens. Bingo ! En positionnant l’Est en haut de page, je devinais un visage de sorcière de profil avec un grand chapeau, et dans sa petite main atrophiée un pistolet – peut-être celui d’Edward – représenté par le brise-lames de Port Brayne !!
Plan de l'île de Blackmore avec l'Est positionné en hauteur.
Copyright © 2023 Henri Lœvenbruck & XO éditions
L’île se mit à scintiller un bref instant, comme pour valider ma découverte. Hé hé, pas mal pour un jeune journaliste débutant ! Bon, on est d’accord, cela n’a pas de lien avec la musique de la bande-annonce, mais ces découvertes sont prometteuses, et je me deman… BING !
Au moment où David K. sortit de sa cachette – sans précaution pour s’adresser à Lorraine et Edward, un homme vêtu de noir portant un masque de macareux étrange, assomma violemment l'étudiant à l'aide d'une matraque. Il s'apprêtait à le fouiller, mais de peur d'être découvert, il quitta en courant la statue de Vénus qui l’avait abrité. Il avait attendu le bon moment, pas du tout impressionné par les démonstrations de combat précédentes du jeune homme.
***
La partie était terminée. Heureusement, la sauvegarde automatique avait bien fonctionné.
Soudainement, un hologramme d’Henry Lœvenbruck fit son apparition. WWVVOUFF ! Il étincelait comme un spectre. Assis sur le coin de son bureau, chemise canadienne à carreaux rouges et noirs, il hocha la tête en montrant sa déception.
– Dommage ! Mais ne perdez pas espoir ! Vous avez été neutralisé de façon provisoire. Vous avez malgré tout fait un pas vers la vérité grâce à la clé du facteur que vous avez trouvée, et l’identification de la sorcière sur le plan de l’île de Blackmore qui vous en apprendra plus encore. Il vous reste encore beaucoup de mystères à découvrir et bien des ennemis diaboliques à affronter… Préparez-vous à souffrir !
Bonne chance, et à bientôt ! CRIIIIZZZZIC ! L’image disparue…
MUSIQUE 9
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Le lendemain, en début de soirée.
MUSIQUE 10
Boards of Canada · Beware The Friendly Stranger
Mousetrap Inn
La pluie redoublait. Alors que j’arrivais à 100 mètres de l’établissement, une scène digne de la dramaturgie shakespearienne se jouait devant moi.
La Delage qui m’avait précédé, était garée sur le côté droit devant le lampadaire. Deux hommes trempés, à l’allure peu recommandable devisaient, assis sur le capot. Au même moment, de derrière un arbre, surgit une femme d’une trentaine d’années que je ne connaissais pas. Que faisait-elle là ? Elle s’adressa à l’un deux. Je m’approchais en catimini, caché par un arbuste, pour ne pas perdre une miette de la conversation animée…
FIN
MUSIQUE 11
Tous les personnages et les situations de ce récit sont purement fictifs. Toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite.
REMERCIEMENTS
Un grand merci à Henri Lœvenbruck et à son attachée de presse chez XO éditions, Stéphanie Lefoll, qui avec leur aimable autorisation, m’ont permis de reprendre certains éléments et protagonistes du roman Les disparus de Blackmore, et du site web Blackmore-island.
Henri Lœvenbruck © Claude Gassian
NOTE DE L’AUTEUR
Mon imagination m’a amené à intégrer des évènements, des personnages, des éléments qui n’existent pas dans la réalité ou dans le livre de l’auteur, mais qui m’ont permis parfois de faire allusion de près ou de loin à des situations du roman. Elle m’a aussi donné l’occasion, de faire des clins d’œil à l’auteur – que je vous invite à découvrir au fil de mon récit.
Le jeu vidéo Les mystères de Blackmore, le jeu : il n’a jamais été question qu’un tel jeu en lien avec le roman puisse exister en date du 29 mars 2023, ou alors je ne suis absolument pas dans la confidence ! Il a été un prétexte pour écrire mon avis « novélisé ».
Luciano Berio : pionnier de la musique électro-acoustique, le compositeur est bien né un 24 octobre 1925.
Harvey Davidson : personnage du pilote qui n’existe pas à l’aéroport de Cherbourg-Manche, mais qui fait allusion à une célèbre marque de moto dont le romancier est amateur, et pilotée par Lorraine Chapelle dans le roman. De même que l’avion De Havilland DH.18 et autres « coucous » ne sont pas exposés dans l’enceinte aéroportuaire.
Birgit Lazasse : personnage créé uniquement par gourmandise littéraire, pour placer la fameuse réplique d’Edward Pierce dans la scène théâtrale shakespearienne, inspirée de celle du roman, pages 89 à 91.
Helda Lazasse : personnage créé pour brouiller les pistes.
Les macareux moines : il existe bien cette espèce d’oiseaux marins sur l’île Anglo-Normande d’Aurigny, mais pas sur celle de Blackmore, représentée par deux statuettes uniquement dans le jeu vidéo. En revanche, les forces du mal et du bien sont bien présentes dans le roman, à travers une pierre lisse et noire dont je vous laisse découvrir l’incroyable origine.
La rivière souterraine de source chaude baptisée Eu qui se jette dans l’eau : il existe bien des sources chaudes à Blackmore. Cependant, je l’ai créée spécialement sous la forme d’un private joke destiné à l’auteur. La réponse se trouve dans la postface d’Henri Lœvenbruck, ou sous vos yeux !
La Delage type DI : la berline n’est pas évoquée dans le roman, mais elle est bien contemporaine de l’histoire qui se déroule en octobre 1925. Commercialisée par le constructeur automobile français Delage, elle est présentée au salon de l'automobile de Paris en 1923, et produite à 9284 exemplaires jusqu'en octobre 1928. (source Wikipédia).
L'île d'Aurigny : à une quinzaine de kilomètres de la côte Ouest du Cotentin, l'île sauvage a conservé toute son authenticité. Elle mesure 5 kilomètres de long, sur 3 kilomètres de large. Au Nord de la Normandie-occidentale, je m'étais fait écho de la péninsule française en juillet 2015 sur Humanvibes, car c'est une région qui mérite vraiment le détour.
Marc / Humanvibes
Publié le 29/03/2023
