Les coulisses de la « Dame de Pierre » (2/2)

Les coulisses de la « Dame de Pierre » (2/2)

Les coulisses de la « Dame de Pierre » (2/2)

 

HUMANVIBES VOUS RECOMMANDE – « La Dame de Pierre », le spectacle hommage à Notre-Dame de Paris.

*

BSPP

Sur un portique je devine des costumes sous des housses, mais ce qui m’attire le plus parmi les futures robes des courtisanes, ce sont des vestes et des pantalons de protections pour pompiers ! Vladimir m’éclaire sur mon interrogation. « La Brigade des Sapeurs-Pompiers de Paris (BSPP) a tout de suite adhéré à notre projet en créant un partenariat pour tout ce dont nous avions besoin pour la dramatique scène de l’incendie. »

Je quitte la danse médiévale, dont les notes de musique s’estompent à mon entrée dans une autre salle : une vraie caverne d’Ali Baba ! Nombreux décors et accessoires attendent le grand jour, qui passeront bientôt par de nombreuses répétitions. Je retrouve les vestes et pantalons des pompiers, des casques qui reflètent la salle comme le feraient des miroirs convexes appelés « sorcières », des lances d’incendie parfaitement enroulées, des échelles, des haches. Est-ce que certains de ces accessoires ont servis pour éteindre mon incendie qui restera dans l’Histoire ? C’est fort possible, me répond Vladimir. Je circule entre des pupitres en bois « faits maison » comme tout droit sortis d’un scriptorium. J’ai l’impression de sentir l’odeur des vieux manuscrits que j’ai côtoyés depuis mon édification. Des truelles, marteaux en bois ou en métal, plumes d’écriture, crayons, côtoient des armes, des paniers d’osier. Surtout ne pas prendre appui sur mes blocs de pierre empilés sur mon passage… Blocs de pierre ? Le trompe-l’œil en polystyrène finit par me convaincre du formidable travail de l’équipe décors de Lætitia Rochet.

Direction la Révolution

Le décor de barricades que j’avais entrevu dans les croquis de Solveig  se mettent à bouger tout à coup. Il est déplacé dans la salle attenante pour la répétition de la scène sur la Révolution. Je reconnais Jean Eynaud qui s’occupe de la direction d’acteurs, je l’avais croisé tout à l’heure, où il dirigeait une entrée de gueux et de pèlerins de toute part dans la salle. « Surtout vous penserez à vous disperser. La salle du Palais des Congrès vous permettra de garder vos distances entre vous. Accaparez-vous l’espace ! Transmettez plusieurs émotions ! L’entrée se fera dans une ambiance sombre et bleutée, vos ombres se projetteront partout et seront amplifiées par vos bougies. » Retour, direction la Révolution. Jean corrige les déplacements, les cris, les agitations des drapeaux. Les personnages s’invectivent. On se bat, on rugit. La guillotine est prête à faire son office macabre. Le comédien Guillaume Wilders, étudiant en 3e année en école d’ingénieur à l’École Spéciale Des Travaux Publics à Paris (ESTP), s’avance et déclame rageur et indigné : « Baissez vos fusils ! Retirez vos fourches ! Vous osez vous attaquer à la monarchie et à l’église, mais c’est la face de toute la France que vous défigurez ! »

Je délaisse la répétition révolutionnaire au moment où je croise un soldat de l’armée royale. Il dépose sur une table son fusil à côté de tambours plus vrais que nature. J’apprendrais un peu plus tard, que ces tambours sont…, non, secret de fabrication ! Je croise sur mon passage la superbe réplique d’un de mes orgues, ou celle d’un beau vitrail. Au premier étage une autre agitation se fait entendre, mais celle-ci est plus pacifique et silencieuse ; quoique. Au son irrégulier des machines à coudre, huit couturières s’affairent avec application sur les costumes. Elles sont concentrées sur leur ouvrage, les yeux rivés sur leurs machines. On pique, on coud, on découd, on coupe sous les petites lampes torches des appareils. Les nombreuses prises de courant serpentent sous les tables. Sous la charpente en bois, je ne manque pas d’avoir une pensée pour ma « forêt » partiellement détruite.

Quatre ans déjà

Le temps passe. Il y a quatre ans j’ai failli disparaître. Mais dès cet instant, ma reconstruction était déjà dans les têtes. Au même moment Corentin Stemler, auteur et metteur en scène, a pris sa décision, il va créer un spectacle sur moi, Notre-Dame. Mais laissons le raconter la genèse de ce projet : « Dans mon spectacle L’Épopée musicale en 2019, j’évoquais Notre-Dame dans une scène en ayant l’ambition de développer quelque chose de plus conséquent dans le futur avec pour sujet principal la cathédrale. L’incendie a provoqué chez moi l’envie immédiate d’écrire ce spectacle hommage. Il a fallu convaincre de nombreuses personnes du bien-fondé de mon projet pour trouver le financement. » Qu’est-ce qui les a convaincus de le suivre au point d’obtenir 600.000 euros de budget, bien plus que les 200.000 euros espérés ? « Le sujet universel qui touche tout le monde. » Mais encore ? « Ma sincérité, mon coup de cœur pour l’édifice que je fais partager et ma capacité à monter des spectacles par le passé. Mon histoire donne du sens à l’idée de ce que l’on se fait de Notre-Dame et son aura dans le monde. Je souhaitais la raconter dans sa globalité à travers un spectacle de grande ampleur. J’entends ici et là que les jeunes auraient des difficultés à s’investir, qu’ils seraient flemmards, qu’ils n’auraient plus envie de se lever à 6 heures du matin, mais voyez le nombre de celles et ceux qui participent à ce spectacle ! Cette jeunesse ne prend pas cela comme un loisir, mais pour un engagement. Cela les fait progresser dans des disciplines artistiques autour d’un grand projet fédérateur. Imaginez la logistique, l’organisation et l’implication de tous qu’il faut avoir pour mener à bien ce spectacle, j’en suis extrêmement fier. J’y vois un parallèle de rassemblement et d’unité comme Notre-Dame en a connu lors de l’incendie. » Même le COVID-19 n’a pas eu raison de la conception du spectacle. « Je savais que monter cette fresque historique serait long. Je dirais que finalement le confinement nous a donné l’opportunité de bien peaufiner notre projet. » Et pourquoi pas une tournée à l’international ? « Nous sentons l’engouement monter peu à peu autour de nous, je pense qu’ils seraient nombreux à être intéressés par « La Dame de Pierre », comme les États-Unis, ou l’Asie par exemple, mais chaque chose en son temps. » Est-ce qu’Emmanuel Macron se rendra au Palais des Congrès ? « Oui, je l’espère. », conclut Corentin dans un grand sourire.

Inspiration

Cette belle visite me donne à Moi, Notre-Dame de Paris l’envie d’apporter également ma pierre à mon propre édifice avec l’écriture de ce texte :

Depuis quatre ans l’Association Symphonia Productions,

Est dans l’action,

Avec « La Dame de Pierre »,

Proposée à la France entière,

Avec pour résultat un travail collectif,

D’une vingtaine de tableaux créatifs,

Dont l’un sur mon incendie,

Et sur ma flèche qui se répandit,

Ce 15 avril 2019, qui avec tous les efforts des pompiers,

Pour me sortir de ce guêpier,

Aurait pu finir en drame.

Ce brasier a touché les âmes,

A travers le monde,

Sur toutes les ondes.

Ce beau spectacle hommage,

Fait pour tous les âges,

Sur moi, Notre-Dame de Paris,

Est un sacré pari,

Qui met en avant les bâtisseurs, ceux d’hier et surtout d’aujourd’hui,

Qui font un travail de fourmi,

Pour être à l’heure,

Malgré un dur labeur,

Se mettant en quatre,

Pour ma réouverture en 2024.

N-D-d-P (2023)

Et pour aller plus loin :

Au coeur de la répétition de la danse médiévale !

Répétition de la danse médiévale « La Dame de Pierre » (2023) – Humanvibes – YouTube

Marc / Humanvibes

Publié le 11/07/2023

Comments

No comments yet. Why don’t you start the discussion?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *