Avis sur Les disparus de Blackmore de Henri Lœvenbruck (2/3)
De nombreux mystères à résoudre ! © XO éditions
HUMANVIBES VOUS RECOMMANDE
Même un épais brouillard ne saurait cacher la vérité diabolique…
Henri Lœvenbruck sera présent au « Festival international quais du polar » du 31 mars au 2 avril 2023, à Lyon.
À cette occasion, mon avis « novélisé » intitulé « L’intrépide David K. » – en bain musical immersif – sur son roman « Les disparus de Blackmore » chez XO éditions paru le 23 février 2023.
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MUSIQUE 4
Harvey me souhaita bonne chance, et repartit aussitôt vers le continent. Du point de stationnement, je marchais quelques minutes jusqu’au guichet de contrôle. Je présentais mon passeport à la préposée. Elle portait un badge où était inscrit : Birgit Lazasse. L’air sévère. Cheveux noirs en chignon tiré impeccablement. Petites lunettes noires. Tailleur bleu foncé. Cravate… Cravate ?! Ça ne rigolait pas ici.
– Fous fenez pour tourismeu ? me questionna-t-elle.
– Affirmatif.
– Gut ! Che fous souhaiteu oune bonne séchour chez nouch, cheune homme ! dit elle, malgré tout d’un air soupçonneux.
– Danke !
Mon désir de lui être agréable ne lui fit aucun effet, bien au contraire.
– Zirculez ! Fous êteu MONNN DERNIÈRE KLAÏENT ! cria-t-elle.
Drôle de manière d’accueillir les touristes, me dis-je en moi-même.
Au loin, le Cirrus quittait le sol en direction du continent. Il disparut dans de gros nuages noirs qui venaient subitement de faire leur appparition dans le ciel aurignais.
Bien qu’un chauffeur de taxi attendait les clients, je décidais de rejoindre la capitale Sainte-Anne à pieds. Je tournais sur ma droite par la route Le Grand Val. J’accélérais le pas par moment, tout en inspectant les champs déserts à perte de vue. Un âne que je croisais derrière un vieux fil de corde et qui semblait surpris de me voir, me donna l’impression de me faire un clin d’œil. Soudainement, en face de moi un facteur arrivait comme un fou sur son vélo électrique. Sa sacoche était bien remplie et débordait quelque peu.
– Poussez-vous ! éructa-t-il, en faisant un grand geste de la main. Quand il me croisa, j’entendis comme un cliquetis. Je me retournais, il était déjà bien loin. Je ne sais pas pourquoi, mais ce son métallique ne m’était pas inconnu. Je vis sur la route un objet brillant. Je revins un peu sur mes pas, et trouvais une petite clé en argent. En tombant, elle avait fait une tonalité qui ne me lâchait plus, mais impossible de me souvenir. Où l’avais-je déjà entendue ? Je la déposais dans ma besace. Elle pourrait peut-être me servir plus tard.
Je regardais ma montre. Il se faisait tard. Je décidais de remettre à demain mon expédition. Mais en inspectant l’île d’Aurigny ou l’île de Blackmore ? Je cliquais sur « Quitter » puis je sélectionnais « Sauvegarde automatique » sur l’écran. La partie était enregistrée et le serait régulièrement dorénavant. Je mis le disque dans la boite – Les Mystères de Blackmore, le jeu – et je partis me coucher.
***
Dès 8 heures, après une bonne nuit de sommeil, tout en rêvant quand même à des fantômes, je me replongeais dans le jeu. Je choisis finalement de « switcher » sur l’île de Blackmore. J’étais au même endroit que la veille, sauf que nous étions en 1925. Pas d’aéroport derrière moi, donc. Ce n’était plus Sainte-Anne qui s’offrait à ma vue, mais l’intrigante ville de Blackmore. VOU-VOUFF-VOU ! Un vent par rafales ralentissait un vol de macareux. Ils planèrent au-dessus de moi comme des oiseaux de mauvaise augure, comme s’ils souhaitaient m’intimider et me contraindre à rebrousser chemin. Ils disparurent tout à coup en direction du sanatorium de Bragbury. J’avais sélectionné une mauvaise météo british en amont pour évoluer dans un jeu plus spectaculaire. J’en profitais pour vérifier ma besace. La clé du facteur était toujours en place. J’en déduisais donc qu’elle me serait bien utile 99 ans en arrière. Bien vu le gameplay ! Mon personnage prit la pause en soufflant. De la buée sortait de sa bouche, vite avalée par le vent. VOU-VOUFF-VOU …
MUSIQUE 5
La musique amplifiait l’étrangeté de la situation, d’autant plus qu’un brouillard épais commençait à envelopper les environs. La lumière du phare de Kimton End du Port Brayne plus au Nord, tentait de traverser l’épais manteau de brume à intervalles réguliers. Cela finissait par dresser un tableau fantastique de ma situation que Lovecraft aurait sans aucun doute apprécié.
Je me concentrais un peu sur le son du cliquetis de la clé… J’eus la très bonne idée de me repasser les vidéos du site web Blackrock-island présentes dans le menu du jeu, sur la musique d’Henri Lœvenbruck :
Arrivée de Lorraine et Edward sur l’île, à bord du Courrier :
Visite de la ville de Blackmore :
Murdoch Manor : propriété de Sir Waldon :
La première vidéo durait 0:43, la deuxième 1:07 et la dernière 0:36. Je choisissais la première… Sapristi ! C’était bien ça ! Le même cliquetis de la clé tombant au sol à la 27e seconde, puis à la 35e seconde ! Je vérifiais avec les autres vidéos. Idem, mais avec un léger décalage.
Qu’en conclure ? Était-ce volontaire ? Je n’en savais rien à ce stade, mais la coïncidence était troublante. Le cœur battant, je repris ma route, mais en petites foulées cette fois-ci. La manette me répondit instantanément. Juste avant d’entrer dans la ville par High Street qui traversait Blackmore d’Ouest en Est, je vis au bord de route un mégalithe. Celui d’une statuette en granit d’un macareux moine de cinquante centimètres de hauteur environ, dont une partie de sa couleur rouge sang s’était effacée avec le temps. Curieux de voir cet oiseau placé comme une borne kilométrique, surtout avec un détail qui donnait la chair de poule : sa tête faisait un rictus machiavélique. On aurait dit qu’il était possédé ! J’en fis le tour, et dans son dos était gravé le mot : croatoan. Était-ce le cri que poussait l’oiseau ? CROA TOAN ! J’en doute. Tout à coup, j’aperçus en face la même statuette : elle n’était pas gratifiée du même sourire diabolique, Dieu soit loué. D’apparence normale, le macareux moine avait cependant un regard très perçant en direction de son congénère, comme s’ils se livraient à un duel mental épique où s’affrontaient deux terribles forces que tout semblait opposer… De plus, il avait été sculpté dans une pierre parfaitement lisse et noire tout à fait singulière. Je saurai m’en souvenir.
Plan de la ville de Blackmore.
Plan de la ville de Blackmore – Copyright © 2023 Henri Lœvenbruck & XO éditions
La pluie fit son apparition. Elle me fouettait le visage au moment où je pénétrais dans la ville. Je laissais sur ma droite deux panneaux indicateurs en pierre. Il était écrit « Welcome to » puis en-dessous « Blackmore » avec deux lions bondissants qui se faisaient face sur un pont en accent circonflexe où de l’eau circulait, matérialisée par deux traits ondulés. Cela me fit penser à des moustaches. Un indice de plus, peut-être ? Ou est-ce en rapport avec la rivière souterraine de source chaude baptisée Eu qui se jette plus loin dans l’eau ?
Personne à l’horizon.
Je décidais de commencer par me rendre à l’hôtel Mousetrap Inn, le bien-nommé. C’était l’établissement où Lorraine Chapelle et Edward Pierce avaient pris leur quartier. Me faire connaître, me semblait important : après avoir longuement hésité parmi une vingtaine de personnages dans le paramétrage du jeu, comme par exemple l’aristocrate monte-en-l’air Lord Aristide James Taylor II, ou carrément Lorraine Chapelle, j’avais finalement sélectionné un jeune universitaire qui avait choisi comme spécialité le journalisme d’investigation, adepte des arts martiaux : l'intrépide David K.
Copyright © 2023 Henri Lœvenbruck & XO éditions
J'ai dû traverser la ville pour passer devant l’étonnant temple maçonnique au coin de High Street. Je fis une pause. Dans la rubrique objets, je sélectionnais un parapluie qui, à l’ouverture, faillit s’envoler ! VOU-VOUFF-VOU ! Je pressais le mouvement dans les flaques d’eau, au moment où je tournais à gauche dans Victoria Street. Chaque bâtiment semblait me dévisager à mon passage comme un intrus. Enfin, je devinais tout en haut du Clos de Pierre, l’établissement hôtelier des deux enquêteurs.
TUT ! TUUUT ! Traversant vers le trottoir de droite, une Delage bordeaux type DI faillit me renverser ! Elle donnait l’impression de se diriger vers l’hôtel : VROUMMM !
Quelle va être la réaction des deux enquêteurs en me voyant ?
MUSIQUE 6
À suivre…
Marc / Humanvibes
Publié le 27/03/2023