Avis sur Trois vies par semaine de Michel Bussi (1/3)
Tentez de percer l'énigme d'une impossible triple vie ! © Les Presses de la Cité
HUMANVIBES VOUS RECOMMANDE
Un mort.
Deux disparus.
Trois femmes amoureuses.
Mon avis « novélisé» intitulé « Hécate », sur le roman « Trois vies par semaine » de Michel Bussi aux éditions Les Presses de la Cité. À paraître le 02 mars.
*
HÉCATE
10h55
NewsInfosTV. Boulogne-Billancourt. Clarisse Brisson s’apprête à lancer son émission « La parole aux experts ».
11h
– Bienvenue sur NewsInfosTV. Merci d’être avec nous, si vous venez de nous rejoindre. « La parole aux experts », c’est maintenant.
Le générique de 14,3s exactement, accompagné d’une musique futuriste défile.
– Les yeux verts, face caméra, la journaliste s’adresse à ses 2,8 millions de fidèles quotidiens depuis quatre ans.
– Nous allons parlé ce matin des personnes qui ont une vie multiple. Pourquoi se lancent-elles dans la fabrique aux mensonges, auprès de leurs familles, de leurs amis, de leurs collègues.
Changement de caméra. Sa tête se tourne vers les téléspectateurs.
– Qu’est-ce qui les poussent à franchir le pas ? Simples bonimenteurs, parfois meurtriers, comment arrivent-ils à gérer leur quotidien ?
Changement de plan.
La caméra fixe un homme sur le plateau. Cheveux gris mi-longs. Barbe poivre et sel d’une semaine. Petites lunettes. Le regard vif. Costume bleu type « Emmanuel Macron ». Chemise blanche.
– Pour le savoir, aujourd’hui dans « La parole aux experts » nous recevons le célèbre psychiatre Martin Philippe Louis Bé, dont les poèmes pour appuyer ses démonstrations font sa singularité, son originalité et sa renommée sur les plateaux télé depuis une dizaine d’années. Martin Philippe Louis Bé, bonjour.
– Bonjour ! Merci de me recevoir. Je me permets de vous le signaler, je donne également des cours à l’université…
– Ah oui, j’avais oublié ce détail, pardonnez-moi.
Plan large. Vue sur le desk, où l’on devine près du psychiatre un livre posé sur sa droite.
– Merci d’avoir accepté notre invitation.
Clarisse plissa des yeux dans un mouvement de tête interrogatif.
– Alors usurpateur, c’est le premier mot qui me vient à l’esprit…
– Oui, vous avez raison. Mais le parcours de ces personnes qui non seulement s’inventent une vie, et la vivent, est une mécanique bien huilée dont le mensonge va finir par être découvert. C’est d’ailleurs un soulagement pour eux de se libérer de cette duplicité, parfois après avoir commis des actes terribles et à mettre fin à leurs jours. Heureusement ce n’est pas toujours le cas…
– Quel est le processus ? Quel est l’élément déclencheur ?
– Au départ, il s’agit d’un mensonge anodin pour se protéger, pour éviter le conflit. Courage, fuyons j’allais presque dire, pour reprendre le titre de la fin des années 70, et qui résume bien la situation. On retrouve aussi ce schéma pour cacher un adultère, ou tout simplement, pourquoi pas, une envie de changer d’air pour échapper à sa famille ou son activité professionnelle.
Silence.
– Puis voyant que cela fonctionne, le « malade », puisqu’il faut bien le nommé ainsi par sa pathologie de mythomane, prend confiance dans son mensonge et en superpose d’autres au fil du temps tel un mille-feuilles, une pyramide de Ponzi « psychologique » en quelque sorte. Ses mensonges se nourrissent mutuellement, c’est fascinant à observer !
Clarisse Brisson, stylo à la main comme la célèbre et précurseure journaliste Anne Sinclair en son temps sur 7/7 dans les années 80-90, poursuivit.
– Cela demande une organisation sans faille !
– Absolument. Ces personnes sont très compétentes dans la gestion du temps, formidablement à l’aise à l’oral et dans la justification. Elles ont réponse à tout. Leur vie parallèle est un exemple remarquable d’anticipation et d’improvisation des évènements. Ils pourraient faire du cinéma ou du théâtre, ils seraient très bons ! Dorénavant, rester incognito, c’est difficile à cause du numérique, des réseaux sociaux, du téléphone portable etc… mais tout à fait possible. On imagine que cela pourrait être un frein à leur fuite en avant. Mais pas du tout ! Au contraire, cela leur permet de justifier leurs actes par la création de faux SMS, de faux mails, de faux documents ou de photos trafiquées… Vous savez, de nos jours on peut tout faire en se formant un peu sur le web grâce aux vidéos.
Clarisse, de sa voix douce, affirma qu’il faut remonter souvent très loin dans l’enfance pour comprendre le passage à l’acte…
– Oui. Il peut arriver qu’un traumatisme enfoui ou non revienne à la surface. L’envie est fréquente de reproduire un schéma vécu par l’un des parents ou d’un proche, prenant soudain le dessus. Il faut bien prendre le temps d’analyser tout cela en tant que professionnel. Il ne faut pas se laisser embarquer dans cette facilité qui consisterait à prendre pour argent comptant tout ce qui pourrait être dit. N’oublions pas que nous avons en face de nous des manipulateurs à plusieurs personnalités. D’ailleurs j’évoque souvent dans mes cours à la Sorbonne, la mythologie grecque. Ici, nous sommes en présence de la déesse Hécate qui…
La journaliste coupa Martin Philippe Louis Bé instantanément.
– La déesse Hécate ?
– Oui. Hécate ! La déesse des sorcières. Elle possède trois têtes. Trois personnalités. À gauche un chien, au centre un sanglier ou un lion, et à droite une jument. Ces trois têtes sont le symbole des trois phases de l’évolution humaine : croissance, décroissance et disparition. Vous voyez, cela finit toujours mal… Parfois, elle est représentée par trois femmes adossées à une colonne. Ce triple corps est lié aux trois phases lunaires. Si cela vous intéresse d’en savoir plus, je vous invite à vous rendre sur le site Odysseum, j’y ai trouvé des choses très pertinentes sur le sujet.
– Intéressant, siffla Clarisse. Le syndrome d’Hécate ! fit-elle, en montrant sa surprise.
– Appelez cela comme vous voulez… On la prend généralement pour une magicienne. Vous voyez donc le lien qui existe avec celui qui se croit tout puissant en évoluant dans un monde que je qualifierais d’ésotérique ! Il va en quelque sorte envoûter son entourage, et lui faire croire à des situations qui n’existent pas réellement. Il se croit au-dessus des autres, il les manipule comme des marionnettes en somme. Une sorte de « close up » à grande échelle très efficace.
Le psychiatre pose sa main sur le livre. La journaliste prit cela comme un signal. Elle saisit la balle au bond.
– Et vous avez je crois un livre à nous présenter, c’est bien cela ?
– Tout à fait. Mais je ne viens pas ici pour évoquer mon dernier Essai, mais plutôt, le nouveau roman de Michel Bussi qui paraît le 02 mars aux éditions Les Presses de la Cité.
– Michel Bussi ? Le « maître du suspense ? » Vous m’intriguez, fit-elle en fronçant les sourcils en prenant à témoin les téléspectateurs. Restez avec nous. En attendant d’en savoir plus, je vous propose de faire une petite pause publicitaire. À tout de suite sur NewsInfosTV.
À suivre…
Marc / Humanvibes
Publié le 27/02/2023
