Avis sur Trois vies par semaine de Michel Bussi (3/3)
Tentez de percer l'énigme d'une impossible triple vie ! © Les Presses de la Cité
HUMANVIBES VOUS RECOMMANDE
Un mort.
Deux disparus.
Trois femmes amoureuses.
Mon avis « novélisé» intitulé « Hécate », sur le roman « Trois vies par semaine »de Michel Bussi aux éditions Les Presses de la Cité, paru le 02 mars.
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ÉPILOGUE
20h
Radio MondeInfo. Paris.
– Madame, Monsieur bonsoir… Qui êtes-vous Monsieur Martin Philippe Louis Bé, appelé communément MPLB ? En fin de matinée chez nos confrères de NewsInfosTV, Clarisse Brisson recevait le célèbre psychiatre dans le cadre de son émission « La parole aux experts ». Et là Églantine, les téléspectateurs ont vécu une scène invraisemblable en direct comme on en voit peu en France !
– Tout à fait Nicolas. 11h20 ce matin, nous sommes sur le plateau de NewsInfosTV. Trois policiers sont intervenus pour arrêter Martin Philippe Louis Bé, qui aurait vraisemblablement une double identité. Cette interpellation a eu lieu au moment où ce dernier évoquait la parution prochaine du nouveau Michel Bussi, qui relate une histoire de triple vie. C’est complètement ahurissant comme coïncidence ! Oui, vous avez bien entendu, une histoire de vies multiples !
– Tout le monde est sous le choc, non ?
– Absolument ! À l’heure qu’il est, et de source policière, une certaine Julie Plain s’est spontanément présentée à la police quelques heures avant le début de l’émission. Elle a affirmé qu’il s’agirait en réalité, attention j’emploie ici volontairement le conditionnel, qu’il s’agirait en réalité de son mari Gérard Plain, représentant en assurance-vie, marié depuis une quinzaine d’années. Ils auraient ensemble une fille de 12 ans, prénommée Camille . Comment est-ce possible ? Comment aurait-il pu cacher aussi longtemps ses deux vies ? Se déguisait-il pour jouer les deux personnages ? A-t-il d’autres identités ? Est-ce au contraire, pourquoi pas, un coup de pub savamment organisé ?
Aux éditions du Futur chez lequel LPMB a publié trois ouvrages et un recueil de ses fameux poèmes, c’est la consternation. L’éditeur Christophe Futur s’est déclaré « abasourdi » et « incrédule », avant de s’engouffrer et de s’enfermer dans ses locaux.
Le fait est, que si la police a interpellé le psychiatre, ce n’est pas un hasard et qu’elle avait suffisamment d’éléments sérieux pour intervenir rapidement.
Certains dénoncent déjà l’intervention faite pendant le direct et demande au ministre de l’Intérieur de s’expliquer. L’émission « La parole aux experts » a-t-elle été la dernière interview publique de Martin Philippe Louis Bé ? L’enquête ne fait que commencer…
– Merci Églantine. La journaliste Clarisse Brisson sera demain matin l’invitée exceptionnelle de « Bonjour matin » dès 7 heures en compagnie de Mia Laforgue pour revenir sur cette mystérieuse affaire, et recueillir son premier témoignage.
L’HISTOIRE DE MARTIN PHILIPPE LOUIS BÉ
Commedia dell’arte
– Décembre 2022 –
Julie, Camille,
Si vous lisez ces mots, c’est que la partie est terminée. C’est pour moi un apaisement.
Je n’aurais rien fait pour empêcher cela. Tout doit avoir une fin. J’ai dupé le monde, je vous ai dupé, mais telle a été ma décision. Je ne regrette rien de mes actes, j’en assumerai les conséquences.
Oui, c’est bien moi Gérard Plain, représentant en assurance-vie, qui ai tenu le rôle de Martin Philippe Louis Bé pendant plusieurs années en tant que psychiatre. N’ayant pas fait d’études, j’ai dû accepter que ma vie se résume à sillonner la région du Nord pour vendre des contrats. Je n’ai arnaqué personne, ce n’est pas dans mon caractère. D’ailleurs si je l’avais fait, cela aurait attiré l’attention sur moi, et ça je ne le souhaitais pas afin de pouvoir mettre mon projet à exécution en toute tranquillité.
Vous connaissez ma passion pour le théâtre. En 2008, vous vous souvenez que j’ai intégré une troupe théâtrale d’amateurs près de chez nous ? Trois années passionnantes ! Cela a été un déclic pour moi. Je voulais devenir comédien. J’ai pris énormément de plaisir à suivre ces cours et à monter sur scène pour les spectacles de fin d’année. J’adorais par-dessus tout faire de l’improvisation. Mais comment percer dans cette voie ? Avais-je suffisamment de talent pour imaginer en faire mon métier ? Je n'en savais rien, et surtout je voulais que les choses aillent très vite sans passer par la voie fastidieuse des castings. Pas le temps d’attendre, pas le temps de vous expliquer mon choix téméraire et hasardeux. Je ne voulais pas créer une situation familiale conflictuelle, vous le savez bien, j’ai horreur de cela.
La seule solution fin 2009 a été d’inventer un personnage pour jouer la comédie. Et là, quel bonheur ! Ce fût une révélation. Cela a fonctionné au-delà de mes espérances. J’ai choisi la psychiatrie pour asseoir une certaine notoriété. Je me suis formé sur le web, et je me suis trouvé un faux nom que je souhaitais original et mystérieux, accompagné de prénoms à rallonge : Martin Philippe Louis Bé. MPLB était né, c’est ainsi que l’on m’appelait dans les médias.
Comme j’avais accès à tous les accessoires de la troupe, en prétextant en assurer la bonne gestion, j’ai fait mes tests dans mon coin jusqu’à être satisfait de mon personnage. Je portais des lunettes sans correction, j’ai travaillé ma voix pour qu’elle devienne plus grave à volonté. Ensuite, j’ai investi dans les maquillages très pointus, dans des costumes, des chemises, et surtout deux postiches strictement identiques par mesure de précaution, avec de vrais cheveux gris qui m’ont coûté une petite somme ! J’ai loué un studio dans l’est parisien à Montreuil, où je m’y entraînais à jouer Martin Philippe Louis Bé.
J’assurais quand même la partie commerciale à minima pour donner le change, j’ai toujours été bon dans le commerce. Mes résultats étaient suffisamment corrects pour que mes supérieurs me laissent tranquille. J’ai posé de temps en temps de faux arrêts maladie quand une « représentation » médiatique particulièrement importante l’exigeait. J’ai utilisé tout l’arsenal professionnel à ma disposition pour justifier encore plus mes absences du domicile familial : stage, formation, animation, intégration, dîners, team building, pots de départ. J’ai fabriqué de faux documents, comme un permis de conduire, de faux diplômes etc. Je me suis déplacé avec mes attestations à la Sorbonne, j’ai eu de la chance de m'adresser ce jour-là à un employé débutant qui n’y a vu que du feu.
Ensuite comment me faire connaître au-delà de la célèbre université ? J’ai donné des cours en plaçant mes poèmes en lien avec le sujet. C’est comme cela qu’un journaliste radiophonique m’a rapidement repéré. Il m’a régulièrement invité à son émission pour parler de psychiatrie en vulgarisant mes propos, et en déclamant mes fameux textes. Puis, ce sont les invitations sur les plateaux télé, et tout s’enchaînait à merveille ! Je savais que je pouvais être découvert, mais cette pression était excitante. Dieu sait que j’ai aimé mener cette vie, mais mon plus grand regret a été de ne pas pouvoir le partager avec vous. Vous vous rendez compte ? Plus de 2 millions de téléspectateurs chez Clarisse Brisson ! Quelle scène parisienne, quel Zénith en France aurait pu m’offrir pareille exposition médiatique ? L’éditeur Christophe Futur m’a même contacté pour écrire des livres ! J’étais devenu un VRAI comédien à succès et un auteur ! Quel clin d’œil fait au théâtre !
Je pense avoir été compétent dans ma partie, et avoir intéressé le public pendant plusieurs années.
Je l’ai fait sérieusement, honnêtement et sincèrement.
J’espère que vous me comprendrez. Allez-vous me pardonner ?
Votre mari et père qui vous aime tendrement. Quoi qu’il arrive.
Gérard / MPLD
FIN
"Les personnages et les situations de ce récit sont purement fictifs.Toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite."
Marc / Humanvibes
Publié le 06/032023