Interview de Nicolas Coccolo: Peur de l'avion ? Un seul réflexe, Fofly !
Fofly – Nicolas Coccolo
Nicolas Coccolo bonjour. Avoir honte de prendre l'avion nouvellement lancé par les Suédois intitulé le "Flygskam" n’est pas forcément dû à un contexte écologique mais aussi, d’après moi, à la peur engendrée par un vol qui empoisonne la vie de milliers de personnes. Comment vous êtes vous lancé dans l’aventure d’apporter une aide efficace à ceux qui en souffrent ?
Je travaillais sur Paris sur simulateur de vol en tant que formateur, quand Il y a 9 ans j’ai été contacté par un cabinet de psychologues qui s’intéressait dans le traitement de la peur de l’avion. Ils avaient besoin de données techniques spécifiques que seul un pilote expérimenté pouvait leur apporter.
C’était donc tout nouveau pour vous ?
Absolument ! D’autant plus qu’en tant que pilote ce n’était pas un sujet que l’on abordait naturellement. J’ai découvert un nouvel univers grâce à eux, et nous avons accueilli nos premiers stagiaires en 2011.
On peut dire que vous êtes comme Obélix, c'est-à-dire que vous avez plongé dans la marmite aérienne depuis un certain temps ?
Tout à fait ! Je suis pilote professionnel depuis presque 20 ans. Je suis depuis tout petit passionné par les avions, et j’ai commencé par le parapente. Ensuite j’ai appris à piloter à l’armée de l’air, et après l’avoir quittée je suis passé sur jet privé et pour finir sur Boeing 737 dont j’ai passé les diplômes pour être instructeur.
Avouez que même sans en avoir la phobie, il peut se passer beaucoup de choses dans un avion entre 9000 et 12000 mètres du sol !
Alors oui ! Les pilotes sont formés pour gérer toutes sortes de choses, mais vous savez chaque année nous repassons le permis de voler et nous sommes soumis à des scénarios catastrophes. En ce qui me concerne durant mon examen de 4 heures, j’ai dû faire face à 17 pannes graves durant mon vol sur simulateur ce qui ne peut pas arriver en réalité. Le but étant bien sûr de vérifier si les pilotes ont les bonnes réactions, et appliquent les bonnes procédures pour chaque panne.
Finalement, on ferait du rase-motte que l’on serait peut-être plus rassuré !
Pour certains oui, car j’ai des stagiaires qui aiment bien voir de près le plancher des vaches, comme on dit ! Mais ce que je leur explique, c’est qu’il est plus facile de gérer une panne à 10000 mètres, car on aura du temps pour la traiter. A 100 mètres du sol, c’est difficile d’intervenir, c’est très très problématique… Plus l’avion de ligne est en altitude, mieux c’est.
Votre méthode Fofly lancée en 2016 à, si je puis dire, atteint sa vitesse de croisière ?
En 2016, c’était la première étape de Fofly. Nous avons lancé une application gratuite pour smartphones et tablettes que nous avons déjà traduite en 16 langues. Le but était d’avoir un accompagnement supplémentaire pour nos stagiaires, comme des piqûres de rappel par rapport à ce qu’ils avaient vu en formation. La grande nouveauté de cette année, c’est la formation Fofly complète que l’on peut faire de chez soi et qui reprend tous les items du stage en vis-à-vis.
J’aurai justement l’occasion, le 13/10/19 à Paris, d’assister à un de vos stages pour en faire part à nos lecteurs.trices. Dans quel contexte cela va-t-il se dérouler ?
Depuis 2016, nous avons abandonné les simulateurs de vol pour nos stagiaires. Le simulateur c’est très ludique, mais au final on se retrouvait aux commandes d’un avion de ligne et théoriquement je n’ai aucune personne qui serait susceptible de se mettre à piloter un tel appareil. Nous avons donc inclus maintenant de la réalité virtuelle, ce qui leur permet d’effectuer un vol en cabine passagers. Ils n’ont pas le choix de la place, ils sont côté hublot, ce qui les dérangent pour la plupart, mais dans le but de ne pas leur faire peur mais de mettre en pratique ce qu’ils ont appris dans la journée.
Il y a plusieurs étapes durant ce stage, non ?
Oui, il y en a 3 pour une durée de formation de 8 heures. La première avec moi, qui dure 5 heures où nous voyons l’aspect technique de l’aéronautique. Les turbulences, les bruits dans les avions, etc. Nous voyons toutes les phases de l’arrivée à l’aéroport à la phase d’atterrissage, en passant par la formation des pilotes, du contrôle aérien, de la maintenance, etc. Une deuxième partie avec le ou la psychologue qui dure environ 3h et enfin un vol virtuel, grâce à nos casques où le stagiaire est confronté à un vol complet pour pouvoir mettre en application tout ce qu’il a vu durant le stage.
Et les stages se déroulent où exactement ?
Principalement à Paris, Marseille, Bastia et Ajaccio. Cela peut se faire aussi à l’Ile de la Réunion, et l’Ile Maurice, mais sachez que nous pouvons intervenir à distance pour une formation personnalisée via l’application Skype, pour ceux qui ne pourraient pas se déplacer.
Ce qui est intéressant dans votre formation, c’est que ce n’est pas seulement le vol qui est abordé, mais aussi tout ce qui tourne autour… Et pour cela vous n’êtes pas seul, comme vous l’avez mentionné des psychologues interviennent également.
Pour la partie pilotage, je suis seul mais je travaille en binôme avec un ou une psychologue en fonction des villes où les stages sont dispensés. Ils vont accentués leur travail sur les pensées négatives et je vais vous faire sourire si je vous dis que beaucoup de nos stagiaires sont très attentifs aux visages des hôtesses. Ils pensent que si elles ne sourient pas, c’est qu’il y a un problème ! Que s’il y a un bruit curieux dans l’avion, c’est que le moteur va se décrocher de l’aile. Et bien sûr on leur donne une explication rationnelle pour les rassurer. Nous travaillons aussi beaucoup sur les exercices de relaxation grâce à la cohérence cardiaque basée sur la respiration qui – en tant qu’ancien pilote de l’armée de l’air – est quelque chose que je connais parfaitement. Cela évite les montées d’angoisse et les crises de panique. Et nous finissons par le programme de réalité virtuelle.
Les compagnies aériennes, et Air France en particulier, ont elles saisies l’opportunité de faire appel à vous ?
Alors, pas la compagnie Air France, car elle propose déjà un stage depuis 25 ans, par contre nous sommes partenaires de XL Airways depuis 3 ans, et nous sommes en pourparlers avec d’autres compagnies et des aéroports.
En vous écoutant, je me dis que votre méthode Fofly pourrait être déclinée à d’autres phobies, non ?
Oui tout à fait ! Nous en avons déjà parlé avec nos associés, cela ouvre des portes à de nombreuses possibilités, mais dans l’immédiat nous préférons nous focaliser sur la peur de l’avion et notre application Fofly.
Et pour finir, une question à laquelle vous auriez aimé répondre, et que je ne vous ai pas posée.
Ah ! C’est une bonne question… Elle concernerait le digital : Il peut y avoir un frein que représente le numérique pour certaines personnes d’un certain âge qui n’ont pas l’habitude des smartphones et des tablettes et qui préfère l'échange verbal. Mais nous sommes toujours en relation et à l’écoute de toutes les personnes, et cela rassure notamment les stagiaires qui peuvent avoir des questions qui surviennent plusieurs jours après la formation.
Nicolas Coccolo, merci.
Merci à vous.
Propos recueillis le 13/08/19
Et pour aller plus loin :
Lien vers l'interview du "Tac au Tac" de Nicolas Coccolo sur Humanvibes
http://www.humanvibes.com/content/interview-du-tac-au-tac-de-nicolas-coccolo?ck=
Plateforme d'e-learning Fofly de Nicolas Coccolo
Site officiel de Nicolas Coccolo
Site de la compagnie XL Airways proposant le stage de Nicolas Coccolo
https://www.xl.com/fr/services-partenaires/stage-anti-stress
Surmontez votre peur de l'avion avec la plateforme d'e-learning Fofly de Nicolas Coccolo
Nicolas Coccolo – Fofly – La Provence(2019) – Youtube
Un vol, cela se prépare. Suivez cette vidéo de la compagnie XL Airways France
XL Airways France – Doggyhawk(2009) – Youtube
Décollage de Houston vers Paris en accéléré à bord d'un A330
Yann Durand(2016) – Youtube
Marc / Humanvibes
Publié le 05/09/19