« La fabrique du suspense » de Michel Bussi (2/3)

« La fabrique du suspense » de Michel Bussi (2/3)

 

                                                                               "La fabrique du suspense" de Michel Bussi (2/3)

 

La fabrique du suspense de Michel Bussi (2/3)

"La fabrique du suspense" – Michel Bussi

 

HUMANVIBES VOUS RECOMMANDE – On appelle Michel Bussi  le maître du "twist". Ses romans sont des best-sellers. Seconde partie de l'avis "novélisé" de Philippe Monarque intitulé V.R.R. sur le dernier ouvrage "La fabrique du suspense" du romancier, dans la nouvelle collection "Secrets d'écriture" chez "Le Robert / Les Presses de la Cité".

 

 

                                                                                                                                        

 

– Rob…ert…

– Désolé. Moi, c’est Philippe.

– Non…Ro…bert.

– Qui ?

– Robert. Lui…pourra t’aider.

– Qui est-ce ?

Il se mit à tendre son bras gauche dans un effort surhumain.

– Là…

Je plisse des yeux. Il me semble deviner au fond une forme enveloppée dans des vêtements, mais la pénombre m’empêche d’en être certain.

– Ro…bert…reprit-il. Là…Dans la ro…la ro…

Il s’arrêta net.

– Monsieur ? Monsieur ?

Je finis par le secouer. Il ne bouge plus. Il a presque rendu l’âme. Il respire à peine. Je n’ose pas me lever de peur qu’il se passe quelque chose d’autre. J’attends bien une bonne 1/2 heure. Cela me permet de faire le point.

Je n’étais pas autant en situation critique que mon compagnon de cellule. Depuis combien de temps était-il là ?

Donc il est aussi écrivain. Comme moi. Enfin comme moi, je devrais ajouter écrivain certes ; mais raté. Écrire un bon roman, ce n’est pas donné à tout le monde. Il faut du talent, c’est certain, mais est-ce inné ou non ? Ceux qui me retiennent ont cru que j’étais capable de pondre le livre du siècle. Ils veulent miser sur moi beaucoup d’argent. Ils sont certains que je peux écrire un polar comme personne n’en n’a jamais écrit. Au bout de 10 mois d’errance littéraire, force est de constater que je ne suis pas aussi brillant dans l’exercice. Leur patience commence à s’étioler. Ils ont mis leur menace à exécution : m’enfermer dans un cachot. Mais cela va servir à quoi ?

Je ne m’attendais pas à ce qu’ils le fassent. Qui plus est en compagnie d'un autre homme dans un piteux état. Cette histoire devient de plus en plus glauque. Mais essayons de garder le bon côté des choses. Je suis en forme, du moins pour l’instant. J’ai encore toutes mes capacités. Il faut que j’agisse rapidement.

Je me remémore les propos du vieillard. Il a évoqué que je pouvais trouver de l’aide auprès de Robert. Il y a peut-être quelqu’un avec nous. Quelqu’un qui peut nous aider. Il avait l’air sérieux en me disant ça.

Ne perdons pas de temps, il faut en avoir le cœur net.

J’avance lentement en face vers la forme qui me semble être un homme allongé. Robert ?

Il est devant moi. La couche de vêtements le recouvre jusqu’à la tête. J’écoute. Pas de bruit. J'écoute à nouveau. Pas un son ne sort de ce corps. Ce Robert est peut-être endormi ?

Je tape avec mon pied dans le tas de vêtements. Doucement. Puis plus fermement. Aucune résistance ! Je m’accroupis. Je dégage les vêtements. Rien ! Ce n’étaient que des tissus entassés pour faire croire qu’il y avait quelqu’un dessous.

Robert n’existe pas. Il existait dans l’imagination du pauvre hère ?

Je regarde autour de moi. J’explore les lieux. Il n’y a personne d'autre. Admettons que Robert ait peut-être été là, mais ce n’est plus le cas.

Robert. Robert… Il avait ajouté autre chose. Je me concentre. Robert….Robert. Dans la ro… Oui, c’est ça ! Dans la roche ! Mais quoi dans la roche ? Un homme y serait caché quelque part ? Je finis par virer les vêtements en les projetant plus loin dans la cellule. Je me mets à tâtonner à quatre pattes le long du mur. J’ausculte les parois rugueuses de la roche comme le ferait un médecin sur son patient, délicatement, en me concentrant sur les moindres anfractuosités. Elles sont curieuses au touché.

Je pousse. Je tire. Quand tout à coup une pierre semble se déceler. Puis une autre ! Je les empoigne et les ramène vers moi. Bingo ! Elles se désolidarisent les unes des autres. J’en extrait quatre, puis cinq autres. C’est une cachette ! Mais un homme ne pourrait pas s’y tenir, soyons sérieux.

À moins que cela ne soit le début d’une ouverture plus importante avec un mécanisme enfoui plus loin. Je passe la main dedans. Rien. Puis un peu plus profondément… et…et je touche enfin quelque chose ! Un sac plastique avec un objet ? Et dessus un sachet plus petit. Je m’allonge pour tendre le bras et sortir tout d’un coup. Je saisis ma trouvaille. Je la porte à mes yeux. Dans le sachet une lampe électrique. C’est elle que je sors en premier. Elle fonctionne ! Je m’attaque ensuite au sac plastique et en tire ce qui ressemble à un livre. Je l’éclaire de haut en bas. « Secrets d’écriture »…Michel BUSSI. Puis en dessous, La fabrique du suspense. Et tout en bas : « Le Robert. Presses de la Cité ».

Robert !! C’était donc ça ! Le dictionnaire. Mais quel rapport avec l’écrivain à succès, le spécialiste du « twist » Michel Bussi ?

Le livre est un peu écorné mais en parfait état. Je le feuillette nerveusement. Il pourrait y avoir une clé scotchée, je ne sais pas moi, ou un mot, un indice qui me ferait sortir d’ici ? Non. Par contre il y a une feuille où il est écrit une note d’intention. Plus exactement un « à propos ». Je me mets à lire à voix haute.

« Secrets d’écriture », publiée aux éditions Le Robert, est une nouvelle collection consacrée à l’art d’écrire. Son ambition est de dévoiler la fabrique de la création des plus grands auteurs et autrices de la littérature contemporaine francophone, du polar à la littérature jeunesse, en passant par la fantasy, le thriller, le manga… En 2022, Michel Buss… Le papier est un peu arraché, mais cela reprend ensuite…ean-Philippe Toussaint puis Susie Morgenstern, Franck Thilliez, Christelle Dabos et Françoise Bourdin inaugurent la collection.

Tous des auteurs reconnus !

Je me mis à rire nerveusement.

C’est donc ça l’aide dont me parlait « l’abbé Faria »  ? Son nom m’était sorti tout seul de ma tête. Voilà que je me mettais à faire allusion au comte de Monte-Cristo d’Alexandre Dumas, maintenant. C’est vrai que ma situation me fait penser à Edmond Dantès. Edmond « Dantesque » plutôt ! Mais bon. Si « l’abbé » croyait que cela pouvait m’aider, pourquoi pas ? Il y a peut-être une énigme à déchiffrer.

Un bruit sourd se fit entendre. On me fait passer par-dessous une ouverture coulissante de la porte un plateau. De la nourriture !

– Attendez ! lançais-je. Il y a un homme qui est mourant ! A l’aide !

Je n’obtiens pas de réponses. On referme le ventail en bois.

Je jette un œil sur le plateau. Il était bien fourni. Du céleri rémoulade dans une barquette. Une tranche de rôti de porc avec des cornichons sur une assiette. Du pain frais. Un marignan avec une belle crème chantilly copieuse sur le dessus. Un grand verre d’eau. On ne se fichait pas de moi. Curieux. Manifestement on tenait à ce que je reste en vie ? Je me précipite dessus et dévore en deux temps trois mouvements cet excellent repas.

Puis je décide de feuilleter le livre.

Le début est un résumé de Michel Bussi sur sa jeunesse et sa vocation d’écrivain. Rien dans l’immédiat qui puisse m’aider à priori. Puis page 57, on entre dans le vif du sujet sur la méthode Bussi en plusieurs chapitres. Très instructif. Le halo que fait la lumière en plus de la fatigue me pique les yeux. Je baille comme un ours avant d’entamer son hibernation. Tout est plus clair désormais. J’ai devant moi tous les bons conseils avisés de l’écrivain pour se mettre à écrire un bon livre. Le Robert se lance dans une nouvelle collection, très bonne initiative ! L’ouvrage est un vrai« page-turner ». Malgré la fatigue qui m’enveloppe plus fortement, je lis intensément. Je pen…

À suivre…

 

Philippe Monarque / Humanvibes

Publié le 07/04/2022

 

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