Faut-il voir l’expo Van Gogh à l’Atelier des Lumières ?

Faut-il voir l’expo Van Gogh à l’Atelier des Lumières ?

                                                                  Faut-il voir l’expo Van Gogh à l’Atelier des Lumières ?

 Retour en arrière. Du 13/04/18 au 06/01/19 l’exposition du peintre autrichien Gustav Klimt (1862-1918) et d’Egon Schiele (1890-1918) dans une ancienne fonderie du Chemin-Vert rebaptisée après de grands travaux « L’Atelier des Lumières » avait mis en émoi le monde de l’art avec 1,2 million de visiteurs. Grâce au numérique, et des surfaces d’écrans murals et sur le sol hors normes, les visiteurs se retrouvent en immersion dans les tableaux des artistes pour accompagner ces balades culturelles. Avec 140 vidéoprojecteurs et une sonorisation spatialisée à l’aide de 50 enceintes, cet équipement multimédia représente au total 3300 m2 de surface, du sol au plafond, avec des murs s’élevant jusqu’à 10 mètres de haut. C’est donc avec enthousiasme que l’on se préparait à voir celle consacrée à Van Gogh (1853-1890) du 22/02 au 31/12/19.

Bande son curieuse

Extrait d’une interview de Gianfranco Iannuzzi, directeur artistique, par Claire Nini dans « A Nous Paris ».

Vous avez conçu cette exposition comme un film. C’est une exposition qui se regarde mais qui s’écoute également. Justement, parlez-nous de la bande son de cette exposition.

La musique n’est pas collée sur les images, mais c’est une œuvre complète. Nous avons collaboré avec un musicien et compositeur, Luca Longobardi, parallèlement à l’écriture du scénario. Nous avons travaillé images et musiques simultanément pour mieux transmettre l’émotion au public. Il y a de la musique classique  avec Jean-Baptiste Lully, une œuvre de 1670 en ouverture (200 ans avant la naissance de Van Gogh), et tout de suite après la chanson Kozmic Blues de Janis Joplin qui date, elle, de 1970. Donc, on fait un saut de 300 ans dans le temps ! Il y a aussi du jazz avec des morceaux de Miles Davis ou Nina Simone, les quatre saisons de Vivaldi… Nous entendons des œuvres musicales intemporelles, car l’œuvre de Van Gogh l’est tout autant !

Gianfranco Iannuzzi, directeur artistique, Van Gogh la nuit étoilée

*https://www.anousparis.fr/a-voir/rencontre-avec-le-directeur-artistique-de-lexpo-van-gogh-a-latelier-des-lumieres/

« La musique n’est pas collée sur les images(…)«  – c’est là tout le problème ! Même si l’effet nouveauté avait joué à plein pour Gustav Klimt, la réalisation y avait mis de la poésie et de l’énergie remarquablement mises en avant par les atouts de cette halle. Vu ce dispositif tridimensionnel unique, qu’importe l’artiste proposé, on peut penser qu’un accueil bienveillant sera toujours au rendez-vous. Grâce à cet excellent système on y diffuserait mon dernier film de vacances que les visiteurs trouveraient cela réussi ! Cette fois-ci, en suivant le parcours à travers toutes les thématiques de Van Gogh retraçant sa vie en simultané, la magie n’opère pas. L’utilisation au sol des images n’est pas assez exploitée par moment (de plus le 28/03/19, le système vidéo du bassin ne fonctionnait pas) mais surtout le choix musical est très discutable et c’est pourquoi cela m’empêche d’adhérer à 100% à cette expo. Il faut de l’émotion (il ne suffit pas de la décréter)  liée aux images pour être transporté, mais ce n’est pas en diffusant du Janis Joplin, Miles Davis ou Nina Simone, qui auraient pu être cohérent dans un autre contexte, que l’on se sent particulièrement concerné par ce que l’on voit. Il est très difficile de rester concentré sur le sujet, et je ne parle pas de la sélection des musiques classiques, car il n’y a rien de révolutionnaire à diffuser les 4 saisons de Vivaldi. Comme au cinéma, les musiques sont primordiales (n’est-ce pas le regretté Sergio Léone et son compositeur attitré Ennio Morricone ?) et peuvent saborder un long métrage ou un documentaire si elles ne sont pas adaptées.

En conclusion : Vincent Van Gogh était un artiste aux peintures oniriques torturé par ses luttes intérieures, et je ne retrouve pas cet état d’esprit à travers les musiques. J’aurais souhaité que l’on ressorte bouleversé de cette rencontre avec le peintre, or nous en sommes loin…

Force de proposition

Je vous donne ci-dessous la liste des séquences accompagnées des titres musicaux sur Van Gogh pour vous faire une idée de ce que vous allez entendre et vous trouverez ensuite mon choix.  Il faut écouter suivant chaque séquence en bas de l’article.  Cette sélection attentive est dictée par les émotions en adéquation avec l’artiste, son époque, sa psychologie et sa peinture tout en étant original, qui je n’ai pas peur de le dire, sublimes les images de façon inédite à l’opposé de ce qui nous est proposé. C’est pourtant la même équipe qui avait réalisé l’expo Gustav Klimt – Gianfranco Iannuzzi, Renato Gatto et Massimiliano Siccardi avec la collaboration musicale de Luca Longobardi dont 3 titres au piano sont repris sur Van Gogh, c’est beaucoup trop (4 si l’on compte une reprise en fin de visionnage). J’espère néanmoins que la prochaine expo sera du même niveau que celle de Gustav Klimt.

Tout n’est pas perdu

Il y a quand même une bonne raison de se rendre à l’expo grâce à celle plus courte qui suit dans la foulée intitulée « Japon rêvé, images du monde flottant » qui évoque en filigrane l’attrait de Van Gogh pour le japonisme. Elle est particulièrement réussie visuellement et nous réconcilie avec « L’Atelier des Lumières ». Cette fois-ci tout l’avantage du dispositif numérique est parfaitement utilisé à travers un voyage entre des geishas, des samouraïs, la nature, les océans et des esprits. Ce ne sont pas les mêmes personnes aux manettes techniques de Van Gogh mais le Studio Danny Rose, et cela se voit et s’entend ! Le choix artistique est sans équivoque, la bande son est remarquable, coup de chapeau par exemple de diffuser l’interprétation de « Merry Christmas Mr Lawrence » par Claudio Filippini, reprise de Ryuichi Sakamoto compositeur de la BO du film « Furyo »  de Nagisa Oshima en 1983 avec David Bowie. Très bonne idée également de diffuser du Debussy qui s’est manifestement brillamment intéressé au Japon, et que l’on entend peu de manière générale.

Mes choix musicaux pour accompagner l’expo Van Gogh :

– Séquence « Prologue »

Lang Lang / La Valse d’Amélie

Lang Lang – Youtube

– Séquence « La lumière provençale »

Serge Gainsbourg / Ballade de Johnny Jane

Serge Gainsbourg – Youtube

– Séquence « Les oeuvres de jeunesse »

Pierre Henry / Messe pour le temps présent

Pierre Henry – Youtube

– Séquence « La nature »

Sufjan Stevens / Mystery Of Love

Sufjan Stevens – Youtube

– Séquence « De passage à Paris »

Charles Aznavour / La Bohême (version intrumentale à l’accordéon)

Mellelauriem – Youtube

– Séquence « Arles »

HVOB / Bloom 

HVOB – Youtube

– Séquence « Oliviers et Cyprès »

Vangelis / Spiral

Vangelis – Youtube

– Séquence « Saint-Rémy-de-Provence »

Alexandra Stréliski / Le Nouveau Départ

Alexandra Stréliski  – Youtube

– Séquence « La Plaine d’Auvers »

François de Roubaix / La Scoumoune

François de Roubaix – Youtube

– Séquence « Épilogue »

Sigur Rós / A Return To The Origins Of The World

Sigur Rós – Youtube

Et pour aller plus loin :

Site officiel de « l’Atelier des Lumières »

https://www.atelier-lumieres.com/

                                                                                                                                                                  

Marc / Humanvibes

Publié le 30/04/19

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