Faut-il voir le film « Il était une fois… à Hollywood » de Tarantino ?
AVERTISSEMENT : dans cette chronique je fais allusion à des éléments du film, je ne voudrais pas divulgacher le long métrage pour ceux qui ne l’auraient pas encore vu.
» Il était une fois… un titre emprunté à Sergio Leone, mais pas seulement « .
Quentin, on attendait plus d’audace de ta part ! Alors certes, tu parles de western comme Sergio Leone, mais surtout tu as piqué le titre du documentaire américain Il était une fois à Hollywood (That’s Entertainment!) sorti en 1974 de Jack Haley Jr, qui est une compilation de films et de comédies musicales produites par la MGM. Cependant, nous voyons bien avec un œil attentif, que tu as mis des points de suspension. Qu’est-ce à dire ? Cela indique bien ton hésitation en cours de phrase, et un manque de confiance évident sur ton 9è (c’est bien précisé) long-métrage. Il parait que le 10è opus sera ton dernier, réfléchis donc bien au titre !
» Il était une fois… un roman. Je parle d’un livre, pas de Polanski »
Quentin, tu as déclaré dans une interview au Figaro Magazine du 09/08/19 à Arnaud Bordas au sujet de ton roman :
A l’origine, vous aviez commencé à écrire ce film sous forme de roman. Pourquoi avoir finalement opté pour un scénario ?
« A vrai dire, j’avais quand même envie d’en faire un film car je pensais que le récit pouvait bénéficier des voitures d’époque, des costumes, des décors, bref de toute cette imagerie engendrée par le cinéma. Mais j’ai commencé l’histoire sous forme de livre car c’était un bon moyen pour moi de pénétrer dans l’univers du film. J’ai donc écrit les deux premiers chapitres. Le premier parlait de Rick Dalton (le comédien fictif interprété par Léonardo DiCaprio, ndlr), de ses débuts jusqu’à aujourd’hui. Je n’écrivais pas ça comme un roman, mais comme un critique de notre époque aurait écrit un livre sur la carrière de Rick(…)Une fois ces deux chapitres finis, je savais que je connaissais mes personnages et que je pouvais commencer à écrire le scénario de mon film. »
Quentin Tarantino, réalisateur
http://www.lefigaro.fr/cinema/quentin-tarantino-il-etait-une-fois-mon-cinema-20190809
Quentin, je considère que c’est le point noir de ton film. C’est une adaptation de ton livre centré sur UN personnage, alors qu’il aurait mieux valu écrire un scénario one shot dès le départ, ce n’est pas du tout la même démarche. Tu aurais dû rester sur ton idée de livre qui aurait pu être plus passionnant, car n’oublie pas que tu t’égares en faisant deux filmounets en un. Est-ce sur Rick Dalton, ou l’histoire de Sharon Tate avec la bande à Manson ? A force de traiter deux histoires du bout des lèvres, tu passes à côté de ton sujet, tu ne fais qu’effleurer ta vision Hollywoodienne, tu as le cul entre deux chaises constamment. Tu t’es fait plaisir avec tes voitures et tes décors, ok, mais ce n’est pas suffisant.
« Il était une fois… Rick Dalton »
Quentin, vu la tournure de ton film, c’était bien comme cela qu’il fallait l’intituler, mais attention ! Tu as eu le culot de l’appeler Dalton dans un western ? Sais-tu ce que pour les Européens, et particulièrement pour nous Français, ce nom représente ? On s’attend à tout instant à voir le poor lonesome cowboy, qui a un long long way from home mais en fait non.
Allociné.fr
« Il était une fois… un Hollywood oublié »
Les frères Coen, Joel et Ethan, avaient déjà mieux traité un pan de l’histoire d’Hollywood en 2016 avec leur film Ave César! avec une pléiade de stars, dont Georges Clooney. Le film contient de nombreuses séquences parodiques à la mode Hollywoodienne, produites à cette époque dorée. Péplum, comédie musicale, et même western sont évoqués. Tout y passe, les producteurs les comédiens et comédiennes, les agents, les journalistes, la censure (période chasse aux sorcières). Ils ont choisit le titre film Ave César! dont on suit une partie du tournage, et ils ont eu la présence d’esprit de ne pas citer Hollywood, la production du studio étant un prétexte à leur vision grinçante et humoristique de la cité des anges. Quentin, qu’auraient fait les frères Coen de ton scénario
» Il était une fois… un Roman Polanski ignoré, mais il n’est pas le seul »
Quentin, comment as-tu fait pour passer à côté d’exploiter le personnage du cinéaste Roman Polanski ? Il aurait fallu filmer une scène d’anthologie entre lui, Rick Dalton et Cliff Booth. Confronter le cinéma européen avec un réalisateur en devenir et Hollywood, toi qui aimes les palabres, cela aurait été top ! Au lieu de ça, une seule réplique minable du personnage au sujet de son chien. C’est triste. Et je ne parle pas de ton personnage de Steve McQueen, aussi rapidement vu que sa Porsche 917 dans la ligne droite des Hunaudières au Mans, et qui a juste droit à une petite tirade !
J’en profite pour rappeler une anecdote liée à Sharon Tate sur Steve McQueen, parue dans le Vanity Fair du 09/08/19 :
« Dans cette ronde de stars que dépeint Once Upon a Time…in Holywood, il apparaît – sous les traits de Damian Lewis – dansant au manoir Playboy. D’aucuns se demanderont comment Steve McQueen s’est retrouvé impliqué dans les horribles meurtres perpétrés par la secte de Charles Manson à l’été 1969 ? Véritable star de l’époque (un an avant, il a tourné dans L’Affaire Thomas Crown), le roi du cool est alors très proche de Sharon Tate – dont il a été aussi l’amant – ainsi que de son ex-petit ami, Jay Sebring. C’est au Whisky A Go-Go qu’il rencontre le coiffeur des stars, qui s’improvise aussi dealer de drogue à ses heures perdues. Non seulement, le comédien lui confie sa crinière blonde, mais il s’approvisionne aussi chez lui en LSD ou cocaïne, comme le précise l’auteur Michael Munn dans sa biographie sur le comédien.
Le 7 août 1969, Jay Sebring vient coiffer Steve McQueen au « château » – surnom donné à la résidence qu’il partageait avec sa première femme Neile Adams -, et lui propose de se rendre le lendemain soir à une fête organisée chez Sharon Tate. La starlette, alors enceinte de huit mois et demi, déplore que son compagnon Roman Polanski l’ait abandonnée pour effectuer un voyage professionnel à Londres. Elle se retrouve alors seule dans leur grande maison de Cielo Drive, avec deux amis, l’auteur Voytek Frykowski et sa compagne, l’héritière Abigail Folger.Jay Sebring doit venir chercher Steve McQueen en voiture. Mais quelques heures avant, le séducteur invétéré tombe sur « une nana et décide de partir avec elle », raconte son ex-compagne Neile Adams dans ses mémoires. « Le fait d’être parti avec cette fille lui a sauvé la vie », poursuit-elle. En faisant ce choix, le comédien échappe en effet à la mort. »
Quentin, je me souviens aussi de tout le tintouin fait autour de ton film, quand on a su avant le tournage que tu avais trouvé TON Charles Manson en la personne de l’Australien Damon Herriman. Tous les fantasmes ont circulé ! Quoi, Tarantino s’attaque au criminel Manson ? Ça va être dingue ! Au lieu de ça : 45s…Génial, je me mets à la place du comédien qui se voyait déjà repartir avec une statuette pour son second rôle ! Tu aurais coupé au montage de nombreuses scènes avec Manson, pourquoi
» Il était une fois… une Sharon Tate ressemblante, mais »
Ok, Margot Robbie ressemble à Sharon Tate, quoique je trouve son visage un peu trop large, et pas du tout avec les mêmes sourcils. Mais là où cela devient comique, ce sont dans les scènes interminables de cinéma. Elle va voir un film pour se faire plaisir, et guetter la réaction du public, dans lequel elle a joué qui s’intitule The Wrecking Crew. Long métrage réalisé par Phil Karlson sorti en 1969 avec Dean Martin. Et là Quentin, tu décides de montrer le VRAI film. On s’aperçoit tout de suite que la vraie Sharon Tate ne ressemble pas à celle de ton personnage. J’en connais d’ailleurs qui n’ont pas fait le rapprochement avec la vraie Sharon Tate que tu montrais dans son film. De plus, elle passe dans la vie pour une fille pas très maligne, alors qu’elle était tout le contraire.
Rendons hommage à la comédienne avec cet article paru dans Vanity Fair du 17/08/16.
https://www.vanityfair.fr/culture/people/diaporama/sharon-tate-lhistoire-dun-mythe-californien/36295
BA « Il était une fois… à Hollywood « (2019)- Youtube
« Il était une fois… une fin curieuse »
Quentin, tu souffres d’uchronie. (Ça fera 50€ la consultation.) Ce n’est pas grave, rassure-toi. Mais tu adores refaire l’histoire dans tes films. Tu évites ainsi l’assassinat de Sharon Tate et de ses amis en t’en sortant par une pirouette. Ton scénario aurait dû sortir en BD dans la collection Jour J aux Editions Delcourt, il y aurait trouvé sa place, mais pas pour ton 9è film. Certes on peut être dans la fiction, mais je ne suis pas d’accord avec ton épilogue. Tu n’es pas allé au bout de ce que tu proposais. Pour moi, tu es un déserteur cinématographique. Pour raison morale ? Pour éviter de te mettre à dos le monde du cinéma ? Pourtant n’as-tu pas déclaré dans le Huffington Post du 22/07/19 : « J’ai le sentiment que l’histoire de la mort de Sharon Tate et de la tragédie Manson est désormais passée dans le domaine public. Ça a désormais une vraie importance historique au-delà de sa propre tragédie personnelle. »
Tu as tout fait pour t’éviter ce tragique fait divers. Et pourtant comme par hasard, tu sors ton film au même moment que le 50è anniversaire de la mort de l’actrice ? Tu aurais voulu faire un buzz médiatique à moindre frais, que cela ne m’étonnerait pas. Par contre rien à dire avec le jeu des comédiens, ils sont tous bons, c’est déjà ça.
En conclusion Quentin, avec ton film tu as a été sur le chemin de la réussite, mais tu n’as pas franchi la ligne d’arrivée. D’ailleurs le festival de Cannes ne s’y est pas trompé en décernant sa Palme d’Or 2019 au Coréen Bong Joon-ho et son remarquable film Parasite. Un film que tu aurais pu faire en d’autres temps.
« Il était une fois…et pour aller plus loin » :
Comme toi Quentin, pour les amateurs d’uchronie, un lien vers la fameuse série BD Jour J aux Editions Delcourt
https://www.editions-delcourt.fr/special/jour_j/
Quentin, je te propose des scènes de ton 9è film avec des dialogues revisités à ma façon :
Brad – Hey Rick, je crois que Quent’ s’est planté dans son scénar !
Léo – Tu trouves pas que je fais genre Actor’s Studio ! Et mate un peu mon sonblou de chez C&A, la classe, non ?
Pussycat – Hé Cliff, sois cool ! Tu viens faire la danse des canards avec nous ?
Brad – Hey Rick, je crois que Quent’ s’est planté dans son scénar !
Léo – Ah fot-en-cul ! On a du faire 400 bornes pour la première prise. Y’en a marre de rouler, rouler comme des nazes !
Brad – Hey Rick, je crois que Quent’ s’est planté dans son scénar !
Al Pacino – Hello, je m’appelle Swhwarz…euh non Schwarss…shit, my ass ! J’y arrive pas Quenty !
Quentin -T’inquiète Paci, ça n’est jamais que la 358è prise…A l’occas, tu m’ fileras mon larfeuille que tu m’a piqué, ok man ?
Léo – Et hop, je fais du ski ! Mais quel est le coquefredouille qui m’a refilé un fusil en guide de bâton ?
Quentin – Gérard, tu diras à ton alvéopyge de cousin d’accessoiriste de passer me voir ce soir, j’ai deux mots à lui dire !
Quentin – Brad, c’est une scène clé du film. Tu roules à donf en tenant le volant de ta bagnole avec tes bottes, ok man ?
Brad – Hey Rick, je crois que Quent’ s’est planté dans son scénar !
Quentin – Bah quoi ! T’en fais une tête Sharon ! Aahhh ahhhh !!! LOL !
Margot – Et toi, espèce de gargouilleux ! Tu t’es regardé ?
Quentin – Coupez, on la refait ! Qui a garé sa caisse pourrie dans le champ ? C’est toi Gérard ?
Gérard – Je sais, je sais…à mon alvéopyge de cousin d’accessoiriste de passer te voir ce soir, tu as deux mots à lui dire…
Léo – Fais gaffe Brad ! Al est sorti des chiottes sans se laver les mains. En plus, il mangé des cacahuètes !
Al – Y’en a qui paieraient cher pour me serrer la paluche, petit. Même dégueulasse, ils s’en balancent !
Quentin – Quel est le bastard qui a collé un Hollywood chewing-gum sur mon viseur ? GERARD !!
Quentin – Mais fichtre-cul ! Gérard, j’ai dit : ajoute-moi sur la photo de promo pour Cannes ! Tu connais Photoshop ?
Quentin – Mais…C’est pas moi ça ! C’est l’aut’ dingue ! Tu te payes ma tronche ou bien ? Vire moi ça tout de suite !
Quentin – ?! Netflix ? Pour la photo de promo à Cannes ? Qu’…kkkk…Je rève ? GERARD !!!!! Mais tu m’ cherches
Quentin – Et ben voilà, je suis sur… Mais !! Pourquoi ton blaireau de cousin est sur la photo !! GERARD !!!
Gérard – Nom d’un chien, j’me suis planté… Purée,mais c’est vrai qu’il te ressemble ! René, viens voir !
Quentin – Eh les gars, sortez vos binocles ! Faut passer l’ tapis incognitos. J’crois bien qu’ la palme, on peut s’ la carrer !
Brad – Hey Léo, j’tavais pas dit que Quent’ s’était planté dans son scénar ?
Marc / Humanvibes
Publié le 19/09/19