J’avais déjà fait connaissance avec Cécile Deste par le biais de la chaine TV5 MONDE. Nous étions le 09/11/13, et la chaine diffusait la finale des « Talents Acoustic 2013 » où elle participait. Elle n’a pas gagné (le système des votes n’était pas très clair, je l’avais signalé en commentaire sur le site après les résultats). J’ignorais alors, qu’une connaissance commune était en relation avec elle. J’ai donc pu la contacter afin de la rencontrer.
Ce 14/01/14, je retrouve Cécile sous la statue Charles de Gaulle, près du Grand Palais. Elle tire derrière elle une valise, surmontée d’un pied. Un voyage en vue ? Non, le soir même elle participe à un concert au Petit journal Montparnasse avec le « Bidiboum Quartet », et la valise contient du matériel audio et des vêtements de scène. Nous nous dirigeons donc vers le théâtre du Rond-Point, où par chance une table au bar est encore libre.
Cécile a beaucoup bougé depuis sa jeunesse. Metz, Londres, Bordeaux, Nouvelle-Zélande, Québec, Spa, Argenteuil, sont les villes où les pays qu’elle a fréquentés « Ce sont plein de lieux par lesquels je suis passée, j’ai eu la chance de beaucoup voyager, et je le fais encore aujourd’hui. Ce sont des lieux qui sont tous chers à mon cœur, notamment Metz parce que j’y ai grandi, et passé 20 ans de ma vie, et les autres j’y ai étudié, où j’y ai vécu quelques mois, où j’y suis passée juste pour chanter ».
Pendant que le garçon de café sert nos boissons respectives, elle un thé, moi un café, je m’interroge ? Comment devient-on chanteuse ? Est-ce le hasard, ou une voie qui était toute tracée ? «Oui, en fait la musique a toujours fait partie de ma vie. J'ai fait partie d'une chorale pendant 10 ans dans laquelle on faisait également de la danse.»
Très bien, mais les études alors ? « Parallèlement je faisais mes études, et j’étais bonne élève. Du coup je suis allée assez loin, Bac +5 en faisant des études commerciales parce que je ne savais pas ce que je voulais faire, ou je ne voulais pas me l’admettre. J’avais peur de prendre une décision. J’ai commencé à travailler, et là j’ai vraiment dû prendre la décision de ma vie, à savoir aller vers des métiers artistiques, ce que j’avais toujours voulu faire, et ce que je n’avais osé faire auparavant. J’ai tout plaqué, pour intégrer une école qui avait déjà un réseau, pour intégrer un cursus d’auteur compositeur interprète. Je suis donc entrée à la Manufacture Chanson à Paris en 2007. J'ai obtenu les réponses à mes questions. J’ai enfin compris que j’avais ma place dans le milieu artistique.»
J’apprends que depuis toute petite Cécile s’amusait à chanter avec un micro. « En fait je chante depuis toujours. Gamine, j’ai des photos de moi avec un petit micro, je chantais souvent dans ma chambre toute seule, cela faisait vraiment partie de moi. Je crois que l’on nait avec un talent particulier , moi c’était le chant ».
Mais il n’y a pas que le chant, le piano aussi est son affaire…mais il y a un « bémol ». « Pour le piano, je n’ai pas un talent particulier, mais je le travaille, mais cela n’est pas mon truc, mon truc c’est le chant ». Nous reviendrons plus tard sur cette histoire de piano, car moi je veux absolument considérer Cécile comme une pianiste…
Ah! Cécile maîtrise bien l’anglais, est-ce en prenant des cours, ou parce qu’une bonne fée s’est penchée sur son berceau ? « J’ai fait de nombreux séjours linguistiques, mon père était professeur d’anglais, et ma marraine est franco américaine et vit aux Etats-Unis depuis 50 ans, et j’ai un cousin qui ne parle pas un mot de français, donc il y avait ce lien avec les pays anglo-saxons »
Ah yes I see ! Elementary ! Mais Cécile est quand même partie à Londres. »Je suis allée en Angleterre parce que je ne maitrisais pas assez bien la langue selon moi, et j’avais besoin de faire ma propre expérience. Pendant 8 mois j’ai été assistante de français ». Et si Cécile regarde 5 ans en arrière ? « C’est un changement radical, je n’ai absolument jamais regretté. Beaucoup de gens ont été surpris, car après des études de commerce on rentre dans une entreprise et tout va bien, et en fait je me rends compte que ce n’est pas ce que je cherchais, ma réponse de vie n’était pas là. 5 ans en arrière, je venais de tout plaquer, c’était très compliqué, mais ça l’est encore aujourd’hui, même si j’ai intégré des projets artistiques, c’est un chemin difficile. Heureusement Cécile est bien entourée. « Oui, je suis bien entourée. J’ai cette chance.»
L’album de Cécile sort le 17/01 « THE AWAKENING ». Et là, ne parlant qu’un anglais touristique, j’ose faire une traduction du titre de l’album en le prenant pour un réveil, « Oh non non ! Cela veut dire éveil !! Attention, ce n’est pas le réveil matin, c’est l’éveil spirituel ! ». Confirmation, je ne maîtrise pas encore bien l’anglais. Je me reprends. Sur son site, Cécile a indiqué : L’album sort enfin !!!!!!!!!!!!!!!!!!! J’ai remarqué 19 points d’exclamation. Si, si je les ai comptés. Cécile avoue qu‘elle a tendance à mettre souvent partout des points de suspension, d’exclamation etc. D’accord, mais pourquoi autant ? « Parce que cela a été long, très long ! Ce projet a été mené avec quelques proches qui croyaient en moi. C’est une auto production ; pas de label ; pas de distributeur ; il faut être maitre de tout, toutes les décisions sont difficiles à prendre. Comment communiquer, comment trouver le bon timing, tout est important, et c’est vrai que j’ai une tendance à avoir du mal à prendre des décisions. Je suis du signe astrologique Balance ». Moi c’est Gémeaux si cela vous intéresse. « Alors j’ai besoin de prendre du temps. Il a fallu 4 ans pour que ce projet puisse éclore, d’où les 19 points d’exclamation ! »(rires). Les journalistes ont toujours tendance à demander à un artiste de définir son travail… je me lance.
« Ah, c’est délicat comme question ! » Donc, c’est une question qui a du sens, ouf. « En fait, il s’agit plus de définir un projet, parce que la musique va dans une direction qu’on lui choisit. Moi, ce projet je l’ai voulu plutôt lumineux, parfois avec des temps un peu sombres. Je le voulais avec des éclaircies, ensoleillé, joyeux, même si la dernière chanson est plutôt plombante, disons le clairement(Good bye, ndlr). Pour mon prochain projet, je me dirige vers quelque chose qui n’est pas dans du sombre, mais dans une autre réalité qui est la mienne aujourd’hui. Ma musique dépend un peu de mon humeur, c’est plus cela ».Heureusement que je n’ai pas composé ce matin en me levant…
Et la créativité dans tout cela ? « J’ai du mal à faire une chanson, et me dire que je vais en faire 9 clones. Pour que cela sonne pareil, cela ne m’intéresse pas. J’aime la diversité. »
Et le choix des chansons dans l’album ? « C’est difficile de faire un choix, d’autant plus que l’on n’est pas accompagné artistiquement. C’est mon premier projet musical abouti, et on a tendance à y aller à tâtons avant, à essayer des choses qui ne sont pas dans des univers qui peuvent cohabiter. On peut écrire des choses qui sonnent très «chanson française », ou des chansons très pop, d’autres un peu soul, mais à l’arrivée il faut une cohérence qui rend les choix très compliqués.»
Moi aussi, j’y vais de mon couplet plombant à propos de la fermeture des pianos Pleyel. « C’est une triste nouvelle, pour moi chaque entreprise qui ferme en France est une triste nouvelle. C’était un des rares fabricants de piano français. Je ne me considère pas comme pianiste, alors effectivement cette nouvelle pour les pianistes… »Bah, si quand même un peu ! « Non, je m’accompagne, je ne me considérerai jamais comme pianiste… » J’insiste… » Non, je suis accompagnatrice de mes chansons, parce que je n’ai pas le choix, et le jour où je pourrais m’offrir tous mes musiciens sur scène, il y aura un pianiste qui pourra m’apporter sa créativité au piano équivalente à celle que je peux avoir vocalement. Aujourd’hui c’est par défaut que je m’accompagne, je ne rêve que d’avoir des musiciens autour de moi… »
Pour conclure cette interview, je décide d’aborder un thème plus léger. En effet, le titre de la chanson de Cécile lors de son passage en finale des « Talents Acoustic 2013 » sur TV5 MONDE était « On bulle ». De plus une des paroles du refrain de cette chanson était : On bulle de chewing-gum. Je suis sympathique parce que j’aurais pu lui faire mâchouiller du savon, chanté également dans le refrain : On bulle de savon. C’est donc un défi que je lui lance, à savoir faire des bulles avec les chewing-gums que je lui tends ! « Ah, je peux en faire 3 d’affilée ! » C’est vrai ? On essaye ? « Oui, 3 avec un seul chewing-gum » Et bien je veux voir ça ! Je ne suis pas spécialiste des bulles… « Srounch, scrounch, moi non plus… il va folloir…scrounch…qui ramoliche un peu… ». Oui, oui, pas de problème. Après le thé, cela risque de faire… « Scrounch…vous me faites faire des trucs bizarres, scrounch…(Rires). « Vraiment, avec un seul chewing-gum ?
En attendant les bulles, j’évoque le concert de ce soir au Petit Journal Montparnasse. « Je suis sur plusieurs projets, car vivre uniquement de mon projet cela n’est pas possible, ça le sera, mais il va falloir être patiente, scrounch…Ce soir, c’est avec le « Bidiboum Quartet », qui est un quartet vocal décalé, très drôle. J’aime beaucoup travailler avec mes 2 collègues lyriques , et avec Roberta et ses étranges mélanges de genre. Il y a une approche du son, une musicalité que je ne connaissais pas, et qui me permet d’aller beaucoup plus loin dans l’écoute et dans la façon de respirer, c’est vraiment très intéressant.»
Et donc ces bulles ?
…Pop… popp…popoppp
Dédicace pour Humanvibes de Cécile Deste dans le livre illustré "Gainsbourg" d'Alain Coelho, Franck Lhomeau aux éditions Denoël
Propos receuillis au théâtre du Rond-Point le 14/01/14
Pour illustrer les propos de Cécile Deste :
Site de Cécile Deste
Passage de Cécile Deste en finale des "Talents Acoustic 2013" sur TV5 MONDE, chanson "On bulle" – YouTube
You make my life ( vidéo clip officiel) – YouTube
Bidiboum Quartet "Bicyclette"- YouTube
Marc / Humanvibes