L’île prisonnière s’échappe des cellules grises de Michel Bussi

<i>L’île prisonnière</i> s’échappe des cellules grises de Michel Bussi

                                  L’île prisonnière s’échappe des cellules grises de Michel Bussi

INTERVIEW – Quand Michel Bussi adapte au petit écran son idée originale, c’est un évènement ! Il co-signe avec Christian Clères le scénario de la mini-série L’île prisonnière diffusée sur France 2. Le romancier à succès dévoile pour Humanvibes les dessous de sa fiction qui est une réussite. Mais pas uniquement…

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France 2 va diffuser le 13 février la mini-série de six épisodes de 52 minutes L’île prisonnière  que vous avez co-écrite avec Christian Clères. L’action se déroule sur une île fictive appelée Penhic, dont les scènes ont été tournées entre autres à Clohars-Carnoët dans le Morbihan. Le pitch ? Une vingtaine d’activistes avec à leur tête le chef Alpha retiennent un groupe de personnes sur une île pour mener une opération mystérieuse intitulée Océanite Tempête. Sont-ce les confinements qui vous ont inspiré le scénario ou l’espèce d’oiseau du même nom qui vit en haute mer ?

MICHEL BUSSI – Alors non, cela n’a rien à voir avec les confinements ! Je porte en moi cette histoire depuis une trentaine d’années. Sur une unité de lieu représentée par l’île isolée de Penhic, la série reprend les codes des films de braquage avec les relations entre des ravisseurs et leurs otages, tout en essayant d’être original. En ce qui concerne le nom de l’opération de la fiction, c’est effectivement lié à l’oiseau Océanite tempête qui est une espèce rare protégée au nom mystérieux, tout le monde ne sait pas forcément que c’est un oiseau, mais je ne vais pas déjà dévoilé le pourquoi de cette expédition menée par des activistes…

L’île prisonnière est un scénario original. Comment s’est déroulée l’écriture en duo avec Christian Clères ?

Très bien ! La production Cinétévé m’a contacté pour participer à l’écriture d’une fiction pour France 2, en me proposant de la co-écrire avec Christian Clères avec qui elle voulait collaborer et que je connaissais déjà. J’ai apporté mon idée originale, des scènes et des personnages clés, et le rôle de Christian a été de développer les relations entre les protagonistes du village et d’affiner leurs personnalités, ce qu’il a très bien fait. Ensuite, nous avons fait un ping-pong d’écriture où l’on suit ce que j’appellerais un « chemin de fer » définit en amont. Cette collaboration m’a plu. Cela a été une belle aventure que notre duo de scénaristes, car j’apprécie beaucoup Christian qui avait fait un reportage me concernant sur France 3 Normandie en 2017, et en plus il est rouennais où je réside, donc c’était parfait ! (Rires.)

La mer est souvent présente dans vos histoires, en d’autres mots c’est la houle sentimentale qui prédomine. Pourquoi cela ?

(Rires.) Oui, la mer et les îles sont souvent présentes… L’intrigue qui supposait se dérouler dans un lieu isolé était idéal pour cette île fictive, avec en filigrane les paysages bretons qui sont très bien filmés par Elsa Bennett et Hippolyte Dard. Ils ont parfaitement mis en images ce que j’avais imaginé avec les notions d’enfermement et de grandes difficultés à s’échapper de l’île.

Quelles différences faites-vous entre écrire un roman et écrire un scénario de mini-série ?

Il y en a beaucoup ! L’écriture d’un roman est solitaire et vous accapare beaucoup plus. On y pense jour et nuit en y travaillant sans contraintes. Pour la série, l’implication est plus collective, elle est plus découpée et courte dans le temps. Malgré tout, après l’écriture d’un épisode, il faut la validation de la chaîne de télévision, attendre le retour une quinzaine de jours pour relecture et apporter des modifications éventuelles, sans oublier la réalisation de vos idées – qui peuvent être refusées – car il ne faut pas oublier l’aspect financier. J’ai très vite intégré le fait que certaines de mes histoires étaient faites pour des romans, au contraire de L’île prisonnière qui ne pouvait exister qu’en série. Ce que j’avais en tête, les images, les situations d’otages enfermés dans une école et d’autres qui se cachent sur l’île ne pouvaient se faire que par ce biais. Il faut s’adapter aussi au format de 52 minutes, aux rebondissements à des moments bien précis pour entraîner les spectateurs dans une dynamique et un rythme télévisuels. Christian avait plus d’expérience que moi en la matière, mais nous n’avons pas rencontré au final de problèmes particuliers, France 2 nous a fait confiance et nous avons pu avancer dans la direction que l’on souhaitait.

Doit-on s’attendre aussi à un twist dans la mini-série dont vous êtes l’un des spécialistes dans vos romans ?

Un twist ? Peut-être pas, ce serait un peu exagéré de dire cela, ce qui par rapport à votre question précédente ferait plutôt partie du jeu de le réserver à mes romans. Le twist est vraiment lié à un travail d’écriture spécifique, il est le résultat d’une manipulation littéraire qui n’est pas toujours possible à restituer visuellement. Par contre pour Lîle prisonnière, il y aura quand même des surprises, des rebondissements, des traîtres inattendus liés à des astuces de scénario en souvenir de films d’action que j’ai aimés.

Pourriez-vous vivre sur une île pratiquement toute l’année ?

Oui, je pense… À partir du moment où je suis en « retraite » pour écrire, cela ne me poserait pas de difficultés. En ce cas, l’idéal serait de prendre une île bretonne et de la « transporter » en Normandie ! (Rires.) Nous n’en n’avons pas beaucoup dans notre région mis à part les îles anglo-normande qui sont aussi très jolies.

Début mars votre nouveau roman à suspense Trois vies par semaine va paraître aux éditions Presses de la Cité où il sera question de vies multiples. Qu’est-ce qui vous a inspiré ?

C’est de vouloir croiser une enquête policière à des destins, avec en arrière-plan trois histoires d’amour de trois couples, tout en restant dans le romanesque et l’émotion. Les lecteurs.trices vont se poser la question de savoir s’il y a trois hommes différents ou un seul homme, en essayant de garder le mystère le plus longtemps possible dans le récit…

Les noms de vos romans sont liés à des titres de chansons. Vous ne dérogez pas à la règle avec celui de Trois nuits par semaine en 1985 du groupe Indochine…

Tout le monde va faire le lien avec la chanson connue, bien sûr, mais elle n’a aucun rapport avec l’histoire de mon roman. Ce titre m’est venu pratiquement à la fin de l’écriture. J’ai trouvé que le modifier pour les vies au lieu des nuits était assez mystérieux et collait parfaitement au sujet.

Une question à laquelle vous auriez aimé répondre et que je ne vous ai pas posée ?

(Réflexions.)… Ce serait en quoi L’île prisonnière, comme mon prochain roman Trois nuits par semaine, s’inscrivent dans des œuvres originales et populaires ? Je répondrais que c’est l’envie à chaque fois de partager une proposition inédite. La série est différente de ce que l’on a l’habitude de voir sur France Télévisions avec le traditionnel duo de flics, un commissariat, un meurtre et sa résolution. Dans mon roman, pas de tueur en série, ce n’est pas un thriller non plus mais l’histoire de trois femmes qui enquêtent sur l’identité d’un homme… Je veux m’adresser au plus grand nombre, sans pour autant utiliser les ressorts classiques parce que cela a déjà fonctionné. J’ai le souhait de bousculer les codes, de prendre des risques, d’être original et de me démarquer. Après, cela plaira ou non avec les critiques et les compliments inhérents au métier, mais je voudrais que l’on me reconnaisse au moins cette ambition.

Propos recueillis le 02/02/2023

Et pour aller plus loin :

L’île prisonnnière

Sur une idée et des personnages de Michel Bussi – Scénario et dialogues : Michel Bussi et Christian Clères
Réalisateurs : Elsa Bennett et Hippolyte Dard – Production : Cinétévé – Producteurs : Fabienne Servan Schreiber et Jean-Pierre Fayer
Avec Pierre Perrier, Lannick Gautry, Margot Bancilhon, Kevin Azaïs, Anouk Grinberg, Deborah François, Antoine Dulery, Marie Denarnaud, Jane Cara, Diego Murgia.

Extrait de L’île prisonnière. Les otages se retrouvent face à Alpha…

Extrait de L’île prisonnière (2022) – France Télévisions – YouTube

Christian Clères, co-scénariste de L’île prisonnière, présente son documentaire consacré au romancier, intitulé « Michel Bussi et le roman populaire ».

« Michel Bussi et le roman populaire » (2017) – France 3 Normandie – Youtube

Le mystérieux Océanite tempête, un oiseau qui se cache pour nourrir son unique poussin et qui pèse l’équivalent de quatre morceaux de sucre !

Qui est l’Océanite tempête ? (2017) – Aurore Ollivier – YouTube

Trois vies par semaine de Michel Bussi aux Presses de la Cité va paraître le 02 mars 2023.

Marc / Humanvibes
Publié le 10/02/2023

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