Pourquoi marcher ?

Pourquoi marcher ?

La nouvelle catégorie Nature s’invite sur Humanvibes ! Il a été prouvé en 2021 par les chercheurs de l’Université pluridisciplinaire Monach, la plus grande faculté de sciences humaines d’Australie à Melbourne, qu’un individu passe en moyenne 2,5 heures dehors par jour. Intéressons-nous donc à la marche qui est « une autre façon d’habiter le monde et de lui rendre son immensité et sa grandeur. », comme le dit justement Nicolas Pinet qui inaugure brillamment cette catégorie !

Pourquoi marcher ? A cette question, la réponse pourrait simplement être : car nous sommes bipèdes.

La marche est fondatrice de notre humanité. Nous partageons cette posture sur deux jambes avec d’autres humains éteints comme les Dénisoviens et Néandertaliens entre autres, et c’est une caractéristique distinctive dont on se sert pour délimiter les débuts de l’humanité. Ce redressement du corps est inscrit dans notre ossature, dans notre chair et dans nos entrailles. Les grossesses se sont raccourcies en partie en raison de ce changement, et nous naissons en quelque sorte tous prématurément afin de permettre à la tête du bébé de passer par le canal utérin rétrécit par la bipédie. Ce qui rend les nourrissons de notre espèce complètement dépendant d’adultes pour survivre, ce qui tend à expliquer le développement de liens sociaux si forts. 

Marcher, quand on le peut, c’est vivre. Et quand on ne le peut pas ou plus, l’humanité invente des solutions de substitution comme la chaise roulante par exemple, ou s’organise autrement pour les gens alités qui bénéficient – normalement – de soins assurés par des soignants ou des proches. Marcher c’est vivre car tout nous relie au monde par la marche.

Vers le col de la Sauce, massif du Beaufortain © Nicolas Pinet

Malgré tous nos raccourcis de tapis mécaniques, de déplacements roulants ou volants, tout part toujours d’au moins un pas, à l’image de l’apprentissage de la marche par l’enfant. Avant de voler, il faut encore marcher pour s’installer dans une de ces imitations d’oiseaux en tôles blanches. Et même pour aller s’asseoir dans un canapé pour ne rien faire et sédentariser encore plus son corps, il faut encore faire des pas, emmenant encore avec nous un peu les traces de notre bipédie.

La marche, c’est aussi ce qui nous relie encore à notre animalité, dans le plus beau des sens. Car en lisant Baptiste Morizot (notamment dans le livre Sur la piste animale), on comprend que notre humaine animalité est belle, que l’animalité n’est pas rabaissante, et la considérer permet d’accéder à une conscience de ce qui nous a construit, dans notre évolution au contact valsant avec toutes les autres évolutions de vies, et de notre environnement. 

Marcher, c’est une autre façon d’habiter le monde et de lui rendre son immensité et sa grandeur.

Si l’on prend un chemin de 600 kilomètres sans trop de dénivelé : 

  • En avion c’est une heure,
  • En train, c’est 3h en TGV ; une balade !
  • en voiture, c’est un petit périple de 6-7h,
  • à vélo c’est un voyage de 2 jours,
  • à pied, c’est une transhumance d’une semaine.

Ainsi, on peut avoir l’impression d’avoir fait le tour de notre planète quand on la sillonne en avion. Alors qu’à pied, nous n’en aurons jamais assez.

Autour du mont Thabor, massif des Cerces © Nicolas Pinet

La marche c’est vivre, un temps au moins, synchronisé aux battements terrestres des jours et des heures. C’est accepter que le vent aille plus vite que nous, c’est aussi pouvoir faire d’une forêt tout son monde.

Marcher c’est se retrouver soi, ainsi qu’une temporalité sans apnée cérébrale. C’est accepter ce qui nous entoure, et accueillir ce qui anime notre esprit ou le préoccupe. Marcher, c’est un peu redevenir terrestre.

Mais ce regard sur la marche est celui d’un citoyen d’un monde en paix, qui a un toit, et un frigo nourricier. Comme le disait Romain Gary à propos de la protection des éléphants dans son livre Les racines du ciel : “L’idée de la beauté de l’éléphant, de la noblesse de l’éléphant, c’était une idée d’homme rassasié.” 

De fait, la marche, appartient aussi à une facette du monde plus sombre, avec toute sa violence, dans les marches forcées, les hommes traqués et les familles en fuite.

La marche, comme la Vie, est aussi diverse et contrastée, et si elle contient violences, errances et souffrances qu’il ne faut ignorer, elle contient aussi toute sa beauté, qu’il ne faut jamais cesser d’aller chercher.

Texte recueilli le 18/11/2024

Nicolas Pinet pour Humanvibes

Et pour aller plus loin :

Pour approfondir le sujet sur la marche, nous vous recommandons les deux livres suivants :

L’art de marcher, de Rebecca Solnit (Mars 2004, Babel)

Éloge de la marche, de David le Breton (Mai 2000, Métailié)

Quand et comment les premiers hommes apparaissent-ils dans l’histoire de notre planète ? Pourquoi pense-t-on que le berceau de l’humanité se trouve en Afrique, là où les hommes auraient marché pour la première fois ? Les origines de l’être humain dans la regrettée émission « C’est Pas Sorcier ».

Les hommes préhistoriques (2015) – C’est Pas Sorcier – YouTube

La marche est aussi bonne pour la santé, la preuve avec ce reportage suisse sur ses bienfaits.

Marcher synonyme de bonne santé ? (2024) – RTS – YouTube

Marc / Humanvibes

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