Avis sur le livre « Les neuf femmes de Sherlock Holmes »

Avis sur le livre « Les neuf femmes de Sherlock Holmes »

 

En ce jour de mai, je partais plus tôt que de coutume au bureau, afin de régler un problème détecté hier tardivement.

A cette heure-là, personne dans la rue, sauf Madame Michu qui promenait son gentil chien gris Holly.

-Bonne journée Madame Michu ! lui dis-je.

-Z’êtes bien courageux de travailler par un temps pareil, il va faire beau toute la journée !

-C’est pas grave, demain c’est le week-end, lui répondis-je

Puis je me dirige d’un pas leste vers le RER, quand au bout de 3 minutes  j’entends dans mon dos un râle qui finit par me rattraper… C’était Michel. Un voisin. Il arrivait essoufflé près de moi. Mince, pensais-je, je ne vais pas pouvoir finir les 5 dernières pages de mon livre "Les neuf femmes de Sherlock Holmes" .

Nous finissons par prendre place l’un à côté de l’autre de justesse, car  la rame est déjà bien occupée malgré l’heure matinale.

-Alors tu lis quoi en ce moment ? me lança Michel.

" Les neuf femmes de Sherlock Holmes"

– Tu ne trouves pas que cela sent bizarre autour de nous ?

" Les neuf femmes de Sherlock Holmes", répétais-je

-Quoi ?

-Ce que je lis…" Les neuf femmes de Sherlock Holmes"

-Ah !! Et c’est bien ?

-Oui, c’est très bon. En fait l’éditeur a eu la bonne idée de regrouper des nouvelles de Conan Doyle dont les principaux protagonistes ne sont que des femmes, et pas n’importe lesquelles. Des fatales  – comme Irène Adler dans "Un scandale en Bohème" – des ingénues –  comme Violet Smith dans "La cycliste solitaire" –  ou des tragiques dans "La pensionnaire voilée" . Egalement l’apparition du redoutable Charles Augustus Milverton dans la nouvelle du même nom, qui a été reprise récemment dans un épisode de l'excellente série britannique revisitée "Sherlock " avec Benedict Cumberbatch  – Alan Turing – The imitation game –  et Martin Freeman –  Bilbo,The Hobbit – dans de rôle Watson.

-Des femmes ? Mais c'est élémentaire mon cher Watson ! Sherlock n'a jamais aimé les femmes ! fit-il en s'esclaffant.

-Ah bon, répliquais-je. Premièrement sache que ta phrase "c'est élémentaire mon cher Watson " n' a jamais été utilisée par l'auteur dans aucun de ses livres, mais dans un film de 1929 "Le retour de Sherlock Holmes". Secundo, le rapport aux femmes de Sherlock est un malentendu. Dans le livre, Watson nous fait part de ses souvenirs avec le détective, et aucun détail n’est oublié. Il évoque bien cette distance de Holmes vis-à-vis des femmes à  la première page dans la nouvelle "Un scandale en bohème" ; Sherlock adore les femmes, mais se lier avec elles risquerait de le perturber dans ses géniales déductions, voilà tout.

-Ouais, il ne se la raconte pas un peu ton Sherlock, faudrait sortir de Sciences Po maintenant pour résoudre des énigmes ?

-Ce n’est pas une question de formation, mais de don qu’il faut travailler, dis-je. La plupart des personnes voient mais n’observent pas, c’est cela le problème. Or dans toutes les énigmes de ce livre, on admire la qualité d’observation de Sherlock et de son écoute, c’est très important aussi de savoir écouter.

-Curieux quand même cette odeur… Tu disais ?

-Non rien…dis-je agacé. Je parlais d’écoute.

-Tiens, dit Michel. La femme qui vient de monter deux rangs devant nous, elle pleure. Cela sent une séparation sur le quai de la gare, ça.

-Possible.

-C’est sûr. Regarde elle n’arrête pas de consulter son portable et de tapoter dessus. Elle doit continuer sa conversation en SMS avec son ex. En plus elle s’est trompée de chaussettes, trop d’émotions sans doute. Et de l’eczéma à la main droite ! Elle se fait du souci , c’est moche. Et Sherlock, il n’est jamais en difficulté ?

-Si cela est déjà arrivé, mais il ne s’avoue jamais vaincu, et utilise toujours des artifices – comme le déguisement par exemple –  pour avoir des renseignements de première main, comme s’habiller en valet ou en ecclésiastique dans " Un scandale en Bohème" . C’est un très bon comédien, il aurait pu monter sur scène. Et en plus Conan Doyle n’a pas son pareil pour raconter des histoires. C’est très prenant, bien écrit, avec une plume "British" très élégante,

-Ouais, mais il n’y a pas d’actions dans ton bouquin. Moi, je préfère du James Bond, ça bouge au moins !

-Pfff…lançais-je. Sherlock est meilleur que James Bond,  pas de violence, de la finesse, de l’empathie, du respect, de l’intelligence émotionnelle et psychologique, de l’humour, bref… tout cela on le retrouve dans les nouvelles, et certainement grâce au travail du traducteur Eric Wittersheim.

-On parle, on parle, mais nous sommes déjà arrivés mon vieux ! Allez, terminus !

Alors que nous passions dans les rangs de la rame, je fis tomber négligemment ma sacoche près de la dame aux yeux rougis, car je tenais à vérifier une intuition. Tout en la ramassant, en l’espace de cinq secondes, mon cerveau se mit à fonctionner comme le disque dur d’un ordinateur, et me conforta dans mon idée première.

Très forte odeur de cuisine sur les vêtements.

Beurre, huile, farine, vin blanc, Comté, Beaufort, Emmental, pain de mie de campagne, ail,eau du robinet, sel, poivre.

Grosse quantité d’oignons. Je dirais au moins 12…

Rougeur très marquée le long de l’index de la main droite.

Chaussettes non assorties.

Sur le portable, reste affiché un site Web «  La Petite Mitronne » avec une recette de soupe intitulée « La Grasstouille d’Oignons ».

Voilà tout est dit.

Cette jeune femme s’est lancée tardivement ce matin  dans cette recette de cuisine, et a pleuré toutes les larmes de son corps à force d’éplucher une quantité importante d’oignons. S’apercevant de l’heure tardive pour prendre le RER, elle a pris ce qui lui tombait sous la main à la volée avant d’enfiler ses chaussures, à savoir une chaussette verte foncée au pied gauche, et verte bouteille au pied droit. La main droite est rougie à cause de son acharnement a épluché les oignons, ce qui a accentué ses larmes. Elle vérifie nerveusement dans le RER la recette sur le site web «  La Petite Mitronne », car elle a un doute sur la quantité de bulbes mis dans la marmite. Moi aussi.

Affaire classée.

Avec Michel nous nous disons au revoir sur le quai du RER, en nous souhaitant une bonne journée. Puis j’ajoutais avant de tourner les talons : au fait, ton odeur. Ton pied gauche. Holly.

-Hein ? Quoi Holly ?

-J’étais déjà loin, happé par la foule de voyageurs. C’est curieux comme je me sens différent depuis que j’ai côtoyé "Les neuf femmes de Sherlock Holmes" …

 

Critères de Humanvibes notés sur 5 :

Sujet : 5/5 –  Very good indeed ! Nouvelles variées, on ne s'ennuie pas une seconde

Difficulté :  1/5 – Very easy my dear ! Se lit comme une bonne tasse de thé Earl Grey avec des scones tièdes pour le goûter

Personnages :  5/5 – Délicious !  "La femme est l'avenir de l'homme" chantait Jean Ferrat

Fin : 5/5 –  Sherlock is the best ! Toutes les nouvelles sont brillamment résolues

 

Et pour aller plus loin :

Photos prises à Edimbourg (2015) sur Picardy Place de la statue de Sherlock Holmes, et du pub The Conan Doyle qui marque le lieu où est né le romancier le 22/05/1859.

Sherlock Holmes - Picardy Place - Edimbourg (2015)

MB

Sherlock Holmes - Picardy Place - Edimbourg (2015)

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Sherlock Holmes - Picardy Place - Edimbourg (2015)

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Sherlock Holmes - Picardy Place - Edimbourg (2015)

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The Conan Doyle - Picardy Place - Edimbourg (2015)

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The Conan Doyle - Picardy Place - Edimbourg (2015)

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The Conan Doyle - Picardy Place - Edimbourg (2015)

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Texte et photos Marc / Humanvibes

 

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